Le jeu des petites phrases au Nouveau Centre ou comment justifier sa pusillanimité

« Je ne voulais pas risquer de jeter le parti, sur un coup de dés, dans une aventure dont l’issue est incertaine » dixit le président du Nouveau Centre et actuel ministre de la Défense du Gouvernement Fillon sur le fait que son parti ne présentera pas de listes autonomes aux prochaines élections européennes. Il y a pourtant quelques mois il déclarait avec force la présence de ses troupes militantes « partout où cela sera possible » à croire que le champ des possibles au NC est réduit à s’allier au contingent de l’UMP ! Le manque de courage ou d’audace en politique est rédhibitoire. Le risque de ne pas obtenir un grand score lors d’une élection est inhérent au système démocratique, ne pas l’accepter revient à faire de la politique de salon, confortablement installer au coin du feu, ou se ranger au principe du plus fort, faire profil bas et se contenter des miettes que le parti majoritaire accorde à ses vassaux.

Le but d’un parti politique n’est-il pas de proposer ses propres idées et valeurs puis de les appliquer dans l’intérêt commun ? Me-suis donc tromper à ce point sur les raisons de l’engagement politique ? Aussi prétentieux que cela puisse paraître, je ne pense pas. Certains invoqueront que le fait d’être « entré au gouvernement » (comme on entre dans les ordres) c’est amener une « touche centriste » et amoindrir l’effet "trop droitier" de l’UMP, cependant où est-elle cette fameuse touche centriste ?? Les ministres et autres secrétaires d’Etat issus du NC sont à peine audibles, sur le terrain l’association des militants NC avec ceux de l’UMP est telle qu’on ne les distingue pas dans leurs actions et propositions. Je le dis régulièrement agir en politique est essentiel et fondamental, mais agir au nom de ses valeurs. Les valeurs c’est ce qui construit en premier lieu l’individu puis fonde la société dans laquelle on vit et évolue. Défendre pendant des mois des valeurs centristes et humanistes en menant campagne activement pour François Bayrou et retourner sa veste en quelques jours pour soutenir l’action de Nicolas Sarkozy (l’exact opposé du leader démocrate) il y a comme une malhonnêteté intellectuelle. Que l’on souhaite agir pour son pays est une attitude qui mérite le respect de tous, malgré les divergences d’opinions. Agir pour son confort personnel et annoncer que « gagner avec d’autres, c’est mieux que de perdre tout seul » dixit François Sauvadet président du groupe NC à l’Assemblée nationale, lors de son discours à la convention sur l’Europe organisée par le NC samedi dernier, je m’aperçois que leur façon non pas seulement de faire mais de penser la politique est d’une autre époque où les arrangements entre copains prévalent toujours sur l’authenticité de l’engagement. Il est vrai que le NC est à peine crédité de 5% dans les sondages d’opinion (quelque soit l’institut de sondage). Jeune parti construit en 2007 sur le transfert des députés UDF vers l’UMP et le chef de l’Etat, il pourrait sembler logique que ses scores soient aussi faibles pour l’instant. Je me permets de rappeler qu’un autre parti politique, le Mouvement Démocrate, est également né en 2007 et ses résultats électoraux ne sont pas aussi bas. A croire que les Français ne sont pas totalement dupes… Gagner c’est bien, ne pas perdre son âme c’est mieux !