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UBS : “too big to fail”, vraiment ?

Publié le 09 mars 2009 par Kalvin Whiteoak

La théorie économique classique veut que l’on considère, dans les milieux “bien informés”, que le fait de laisser tomber une banque de la taille de UBS tomberait sous le coup du principe “too big to fail“.

Principe assez vieux datant même d’avant les années 1950 mais ressorti ces temps spécialement par ceux qui ont intérêt à sa survie sous perfusion.

Ceci dit, mis à part ses actionnaires qui se sont laissés piéger par un CA de flibustiers, qui va véritablement y perdre si on n’applique pas le principe ci-dessus ? des débiteurs ? pas vraiment, car leurs dettes envers la banque ne meurent pas du simple fait de sa mise en faillite.

Des créanciers ? mis à part les épargnants qu’on s’empresse de garantir en Suisse comme ailleurs, on ne voit pas très bien le problème, car si son bilan est aussi sain qu’elle veut bien le laisser entendre, une liquidation propre ne doit pas conduire à une perte.

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Certes la récupération d’une créance prendrait un temps fou dans l’hypothèse d’une mise en faillite. Mais de l’autre côté du bilan, la réalisation d’actifs ne serait pas triste non plus en terme de timing, puisqu’il faudrait vraisemblablement quelques dizaines d’années pour liquider le monstre.

Ceci dit de façon cynique, celles et ceux qui doivent aujourd’hui de l’argent à UBS, que ce soit sous forme de crédits hypothécaires ou autres ne devraient pas être particulièrement touchés par le fait de changer à terme de créancier … après une longue période durant laquelle personne ne leur réclamerait quatre sous.

Quant aux dépositaires, ils ont eu largement le temps (226 milliards de moins en 2008) pour retirer leurs billes: ceux qui restent sont d’irréductibles optimistes qui prennent leur risque.

Il reste deux catégories principales d’intervenants qui risquent gros en effet : les employés, mais qui de toutes façons sont pour une bonne part sur le pas de la porte avec l’arrivée d’Ossie et la diminution terrifiante des fonds sous gestion, et tous les intervenants dont les relations avec la grande banque ne sont pas au bilan proprement dit de la banque….

On oublie en effet trop souvent qu’un dépôt titres individualisé appartenant à Monsieur X ou Madame Y, par exemple, ne figure pas au bilan de la banque mais en pied de bilan, donc hors la vue du commun des mortels.

Et si les contreparties des passifs hors bilan comprennent d’aussi bons actifs que ceux dont la banque a dû se débarrasser, il serait grand temps pour les intervenant en question d’intervenir.

Car à la vitesse à laquelle l’action continue de descendre, on peut compter le grounding en jours et même plus en semaines. Un nouveau grounding à la sauce helvétique dont la banque évidemment ne se remettrait pas, mais dont la Suisse elle-même aurait de la peine à se remettre, non pas sur le plan financier mais sur le plan de l’image.

En cela, sans doute le “too big to fail” s’applique. Pour le reste, ce n’est que pure supposition de pseudo spécialistes qui ne sont pas capables de présenter les conséquences chiffrées de ce qu’ils prétendent redouter …

Sur le plan éthique maintenant, et même si ceci paralyse un certain temps le système helvétique des paiements (sauf si on prend les mesures adéquates à temps), le “too big to save” l’emporte largement. Il n’y a donc plus aucune justification éthique au maintien en vie d’une bande de flibustiers, les seuls à avoir suffisamment mal joué pour se faire pincer par l’IRS et par les subprimes.

On a les banquiers qu’on mérite.


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