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Trois hommes dans un bateau ~ encart victorien

Par Nibelheim

Après ces quelques jours de silence, je reviens dire quelques mots à propos de Jerome K. Jerome de l'ouvrage de Jerome K. Jerome, connu sous le nom de Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien !). J'avais eu l'intention, l'année dernière, de découvrir ce livre, présenté partout comme plaisant et drôle, l'intégrant à mes lectures à thème mais j'ai du renoncer à cette idée, ne trouvant pas l'ouvrage. Jerome K. Jerome fut alors remplacé par Henri James, et je n'y ai plus trop pensé ... C'était sans compter sur Lou, que je remercie encore ! J'ai donc découvert ce drôle de petit ouvrage, et tout en ayant quelques réserves à émettre, j'ai passé un agréable moment de lecture, ponctué de nombreux sourires et éclats de rire.
Trois hommes dans un bateau ~ encart victorien
On ne connaît souvent qu'une face du monde victorien. A ce mot, certains se représenteront les grandes fresque sociales à la Dickens, d'autres s'imagineront de belles parures et des maisonnées respectables. On ne connaît pas forcément le monde des commerçants de rien et des petits employés de bureau. C'est de ce monde-là dont Jerome K. Jerome nous parle ... Son ouvrage lui-même se fait le reflet d'une culture nouvelle, qui se construit en opposition aux productions du roman populaire, considéré comme un genre bas, sans pour autant arriver aux raffinements d'une élite intellectuelle. Reflet d'une littérature intermédiaire, Trois hommes dans un bateau récolta le mépris des tenants de la critique, jugeant le livre bas et prosaïque. "Auteur de dixième ordre" dira l'un, "Humour pauvre, limité et décidément vulgaire" dira l'autre, et un dernier ne manquera pas d'écrire à son propos : "Un exemple des tristes conséquences à attendre de l'excès d'éducation parmi les classes inférieures."
Et il est vrai qu'à bien y regarder, ça ne fait peut-être pas partie de ce qu'on appelle, d'un ton ronflant, la "grande littérature". Les digressions sur la Tamise, les considérations pseudo-historiques, ou pseudo-philosophiques - qui devaient, initialement, représenter la plus grande part du texte - ne me semblent pas apporter grand chose et j'avoue avoir bondi, parfois, d'un paragraphe à l'autre. Ce n'est pourtant pas mon genre. Mais malgré cela, il y a quelque chose qui rattrape l'ouvrage et qui fait qu'on le lit, avec plaisir, et qu'on se laisse porter, de pages en pages. C'est l'humour. Trois hommes dans un bateau est un bijou de drôlerie et de non-sens. Poussant à l'extrême la logique des institutions victoriennes et des codes sociaux, Jerome donne à voir, non sans ironie, des situations absurdes, aussi drôles qu'effrayantes. D'un ton familier et goguenard, il montre du doigt les respectabilités, se faisant un plaisir de les voir tomber à l'eau. N'en faisons pas un contestataire, mais il reste que ses remarques désinvoltes et ses petites histoires tiennent en haleine et font rire. Rire des respectabilités, des prétentions des gens, quoi de plus agréable ? Trois hommes dans un bateau ~ encart victorien
Si l'ouvrage ne me laissera sans doute pas un souvenir impérissable, Trois hommes dans un bateau a le mérite de décrire les rouages d'un monde sous un oeil nouveau. : celui d'une "classe moyenne" émergente, qui tente de bâtir sa propre culture. Je ne peux qu'inviter ceux ayant besoin d'un agréable délassement (quelques jours au bord de la Tamise ?) d'essayer de suivre George, Harris et le narrateur (sans oublier Montmorency !) sur les berges du fleuve. Trois compagnons qui, s'ils peuvent nous sembler un peu rustres ou médiocres, n'en sont pas moins proches de nous. Bien au contraire. Sur ce, je retourne lire Paludes de Gide. Qui m'enthousiasme beaucoup.
Encore merci à Lou qui a permis cette découverte !

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