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Chronique malouine

Publié le 10 mars 2009 par Sukie

Une phrase nous est restée en tête après que nous eûmes croisé le chemin d’un malouin, alors que nous nous rendions sur la plage des Sillons. “Ici - il s’adressait à une petite vieille qui revenait sans doute d’une pêche aux moules moules moules - on est malouin avant d’être breton“. On se serait presque attendu à ce qu’il enchaine sur “et je dirais bien plus, on est malouin avant d’être Français, Européen, Terrien, Humain, végétarien, chrétien, médecin, brun”. Mais il s’arrêta là, et souhaita la bonne aprèm’ à la vieille dame. Enfin je crois qu’elle n’était pas si vieille que cela mais ça donne de l’allure à l’histoire.

La première chose qui nous frappa lorsqu’on est arrivé à St Malo, ce ne fut pas le climat. Car nous combatîmes les idées reçues et passâmes un agréable week-end sous un ciel aussi bleu que l’eau du large. C’est la file d’attente à la station de taxis qui nous surprit. Trois taxis pour quinze personnes. Nous étions toutefois heureux. La preuve qu’on était réellement loin de Paris et de sa nébuleuse de chauffeurs fous. Nous restait pour seule preuve de notre parisianisme étouffant, son BB et mon HTC à partir desquels nous pouvions twitter, facebooker, checker nos mails, regarder la météo (c’est tellement plus pratique que de lever les yeux au ciel!), regarder les résultats de l’euromillions.

J’ai rapidement oublié pour de bon ma capitale lorsqu’il fallut plonger le nez dans la soupe (de poisson). Les coquilles saint-jaques poêlées m’étourdirent, la choucroute de la mer, j’en suis tombée amoureuse, sans parler du kir breton et de sa kraz, une galette croustillante super-size habillée d’un sublime coulis chocolat-caramel. Ce n’était maleureuseument pas la saison des moules (juin-octobre plutôt, faudra revenir), mais je tombai bien vite dans les bras d’autres molusques pas moins séduisant, arrosés que quelques bolées de cidre.

Nous mangeâmes beaucoup, nous bûmes beaucoup également. Nous marchâmes le long des quais et des vagues, grimpant les rochers, surplombant parfois la ville, d’autres la mer qui ne cessait de grimper sur les algues que j’écrasais sous mes bottines. Nos pas sur le sable imprimaient notre nonchalance prononcée et ce plaisir non boudé de se laisser trainer par le vent et l’embrun de l’ouest. Nous surprimes des kaïteuh-surfeurs qui nous donnèrent envie de kaïteuh-surfer, nous croisâmes des gothiques underground au détour d’une balade dans les remparts. Nous assistâmes même à un concours de joutes contées en gallo (langue d’oïl traditionnelle de Haute-Bretagne) dont on ne comprit pas tout, opposant Redon à St Malo. Nous rîmes beaucoup. C’était bien plus typique qu’une galette bretonne et y avait du monde au portillon, c’est moi qui vous’l'dit.

Nous fimes et refîmes à maintes reprises le tour du centre. Je ne vis pas trace de Chateaubriand si ce n’est un hotel à son nom.

On a surtout respiré l’air de la mer et chanté face au vent :

Je reviens, je reviens, je reviens au pays
Sous le vent et la tempête
Pour toi j’ai mené mon bateau
Je reviens le cœur en fête
Jusqu’aux portes de Saint-Malo

dixit Hugues Aufray

Les photos du périple au prochain post.

Bonus (comme dans les paquets de Bonux d’antant)

Poème en Gallo :

C’é pas pasquë j’caouse gallaou
qu’i faut m’crëre begaou.
C’é coume ça qu’caousë ma mér
quând ê paplinë mon pér.
Compernë don combé qu’j'y quien
à c’langaïge, pour ma, bé calin;
quând j’y pense, mon kieur se coti
de l’vâ bé doucetment s’mouri.
Pourqua sont-ti mussê sous l’braou
lé contes que j’trouvâ si baou ?
Si je r’dev’nâ petit keniaou,
c’é yeu que j’voudrâ coume babaou
C’é pas pasquë j’ caouse gallaou
qu’i faut m’crëre begaou.
C’é coume ça que j’caouse à mon kenia
quând i vient balossë à cotë ma.


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