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Excommunication: est-il plus grave d'être sacré évêque que d'avorter?

Publié le 10 mars 2009 par Francisrichard @francisrichard

Excommunication: est-il plus grave d'être sacré évêque que d'avorter?La réponse est oui.
En effet la levée de l'excommunication des quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre et Mgr Castro Mayer continue à soulever un tollé dans les média et dans la frange des catholiques qui ne jurent que par Vatican II, comme s'il y avait une solution de continuité entre ce dernier concile oecuménique et tous les autres conciles qui l'ont précédé. 
Il est possible, comme le pape Benoît XVI le fait déjà, d'éclairer Vatican II à la lumière de la Tradition et de renoncer à ce que le pape Paul VI appelait "les fumées de Satan", c'est-à-dire aux déviances qui l'ont suivi et qui se sont traduites par la pénurie des vocations et la chute brutale de la pratique religieuse.
Selon une étude de l'IFOP, publiée par La Croix en juillet 2006, en France, par exemple, 81% des Français se disaient catholiques en 1952, ils n'étaient plus que 65% en 2006, et les "messalisants" (ceux qui vont à la messe tous les dimanches) étaient passés de 27% à 4,5% dans le même laps de temps. Beau résultat !
Les adeptes suisses du seul Concile Vatican II - que j'appellerai par commodité monoconciliaires - ont manifesté dimanche 8 mars à Lucerne à l'appel du mouvement "Auftreten statt austreten" ("se positionner plutôt que se retirer"). Ils étaient des centaines selon Le Matin ( ici ) , 1'500 selon 24 heures (
ici ). Ce qui ne repésente pas grand chose au regard des plus de 3'300'000 baptisés catholiques sur une population totale de 7'700'000 habitants, que compte la Suisse...
Le leitmotiv des manifestants était de s'opposer à la ligne actuelle de l'Eglise jugée conservatrice, étroite d'esprit, autoritaire, pas assez moderne, sans vouloir quitter l'Eglise pour autant. La goutte qui a fait déborder leur vase, qui ne devait pas être rempli d'eau bénite - c'est trop réac l'eau bénite -, a été la levée des excommunications et particulièrement celle de Mgr Williamson.

Le Matin
nous dit :

Les protestataires proposent au contraire une Eglise plus proche de ses membres et favorise une pratique contemporaine de la foi. Concrètement, ils revendiquent l'application pleine et entière des droits de l'homme au sein de l'institution, un système plus participatif, l'égalité des sexes, l'oecuménisme et le pluralisme des opinions ".

Cette église qu'ils appellent de leurs voeux existe déjà. C'est l'église de nos frères protestants. S'ils veulent rester catholiques, il faut qu'ils admettent le primat de Pierre, ce à quoi d'ailleurs rien ne les oblige. Le nonce du Vatican en Suisse, pour lequel la manifestation de Lucerne a été un motif de souffrance ( ici ), a rappelé avant-hier que :
" Le pape Benoît XVI, ainsi que ses prédécesseurs Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul II sont - au sein de l'Eglise catholique - les garants de la vision correcte et fidèle du Concile Vatican II ".

Autrement dit : finies les divagations et les interprétations personnelles sujettes à caution !
La Conférence des Evêques suisses, par la voix de son président, Mgr Koch, s'est prononcée le 5 mars sur la levée des excommunications ( ici ). Sa position est celle de donneurs de leçons tous azimuths qu'il faut bien considérer avec une certaine admiration. D'un côté Mgr Koch a souligné que :
" la levée de l'excommunication ne signifie pas réhabilitation de plein droit, mais ouverture de la part de l'Eglise catholique à des personnes qui s'en sont séparées pour des raisons de doctrine ".

De l'autre Mgr Koch s'est déclaré fâché :
" par le fait que la manifestation prévue pour samedi à Lucerne contre la levée des excommunications passe pour une manifestation nationale, alors qu'il ne s'agit en fait que d'un événement alémanique ".

En somme un coup de crosse à droite, un coup de crosse à gauche. Et pour finir un coup de crosse asséné au pape lui-même :
" La levée de l'excommunication a été préparée avec trop peu de soin et il y a eu de grosses lacunes de la part de la Curie dans l'information aux évêques, aux fidèles et à l'opinion publique ".

Le commentaire de Vincent Pelligrini ( ici ) dans Le Nouvelliste du 5 mars sur ce communiqué vaut d'être cité :

" Le pape est tout seul. Du moins si l'on considère les épiscopats européens. Heureusement je peux confirmer qu'il reste nombre de fidèles et de prêtres qui sont plus indulgents avec lui que les évêques suisses en l'affaire décrite ci-dessus ".
Ce matin, sur La première, Mgr Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (photo ci-dessus, de Florian Cella, tirée ( ici ) de La Tribune de Genève  du 18 février dernier), a réagi au sujet de la levée des excommunications dans la même veine que Mgr Koch. Puis il a réagi au sujet de l'excommunication prononcée par son frère dans l'épiscopat, Mgr Sobrinho, évêque de Recife.
Cette sanction religieuse a été prise à l'encontre de la mère d'une enfant de 9 ans, que l'on a avorté, à 15 semaines, de deux jumeaux qu'elle portait à la suite d'un viol, excommunication prononcée également à l'encontre de l'équipe médicale qui a pratiqué cet avortement ( ici ).


Mgr Sobrinho avait souligné :


" La loi de Dieu est au-dessus de n'importe quelle loi humaine. Alors, quand une loi promulguée par des législateurs est contraire à la loi de Dieu, cette loi n'a aucune valeur ".
D'accord avec Mgr Farine, son auxiliaire, pour estimer que l'excommunication est une arme anachronique - sauf bien entendu à l'égard des évêques d'Ecône - Mgr Genoud a déclaré à propos de cette affaire brésilienne que la parole était d'argent, mais que le silence était d'or : 
" Il y a des fois où il faut se taire. C'est tout. Ne rien dire. Bien sûr cela reste grave des choses comme cela, mais il y a un moment où il y a la loi et où il y a l'application de la loi. C'est ce qu'on appelle l'épiquie  ".
 
Joli coup de crosse confraternel !
J'en conclus qu'il vaut mieux avorter que d'être sacré évêque. Car le silence n'a pas été d'or sur la levée des excommunications. Loin s'en faut. Il y en a même qui ont suggéré d'excommunier à nouveau les évêques ordonnés par Mgr Lefebvre s'ils se montraient trop récalcitrants à reconnaître Vatican II dans son intégralité : un nouvel intégrisme... en quelque sorte.
Francis Richard


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