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Communication: la dictature de l'obligation

Par Sylvaine Pascual

  
   Communication: la dictature de l'obligation
Langage fleuri, dis-moi qui je suis!
 
Nous sommes ce que nous disons

Le choix des mots que nous employons n'est pas le fruit du hasard: nous les utilisons par opposition aux autres, parce qu'au moment précis où nous parlons, ils nous semblent les plus appropriés à la transmission de notre message.
Nous ne nous rendons pas compte de ce choix car notre logiciel de communication est ultra-rapide et correspond à une compétence inconsciente: tellement acquise et maîtrisée qu'elle est un automatisme, un mécanisme naturel.
Le logiciel, lui, a été développé par un concepteur unique: celui qui émet le message. Les choix linguistiques s'opèrent en fonction de nos connaissances, notre éducation, nos convictions personnelles etc. Et ils sont le révélateur des petites tyrannies ordinaires que nous nous imposons à nous-mêmes.

  
Si nous prenons l'exemple des expressions de l'obligation, celui dont le discours en est constellé se soumet à la dictature de la contrainte, et l'impose à son entourage avec un totalitarisme affirmé.

La dictature des expressions d'obligation

Les verbes devoir et falloir, par exemple sous-entendent une obligation opressante, culpabilisante et mensongère (voire manipulatrice) qui nie toute possibilité de volonté et de choix personnels, soulignant soit le refus de la responsabilité de l'acte, soit le positionnement en tant que victime des circonstances. En réalité, peu nombreux sont les cas dans lesquels l'absence de choix est totale. Ces verbes sont donc révélateurs de la perception que nous avons de certaines choses comme une contrainte.
En fait, quand nous usons et abusons de ces deux verbes, c'est aussi toute la rigidité de nos convictions personnelles érigées au rang de vérités universelles -et donc dictatoriales- qui est une atteinte non seulement à notre liberté personnelle, mais aussi à celle des autres. Car les obligations auto-infligées, nous les faisons aussi subir aux personnes avec qui nous sommes en relation,  parfois de façon manipulatrice, et pas toujours avec les résultats qu'on espère...
Deux exemples délibérément issus de clichés de bas étage:
- "Je ne peux pas te voir samedi: il faut que j'aille voir Mémé". La police des relations familiales me tient en joue, je n'ai pas le choix, sinon je vais me faire dézinguer.
- "il faut manger 5 fruits et légumes par jour" sous peine de sentence de mort lente auto-programmée. Culpabilisons en coeur, ceux d'entre nous qui ne le font pas, nous creusons le trou de la Sécu. Et puis la police diététique nous a à l'oeil.


Communication: la dictature de l'obligation


Auto coaching: de l'obligation à la volonté personnelle


Ce qui est bien pratique dans tout cela, c'est que l'observation de nos propres tics de langage est un moyen de mieux nous connaître et de revisiter des comportements qui pourraient nous freiner.
Nous n'avons pas d'obligation à vivre sous la contrainte pénible de notre dictateur interne, et si nous modifions nos choix linguistiques, nous nous libérons de la connotation qui les accompagne. Nous agissons alors par choix et nous débarrassons d'une bonne partie du sentiment de subir notre vie.
Je vous propose un petit exercice de ré-évaluation de votre utilisation des verbes falloir et devoir, et autres expressions d'obligation:
A chaque fois que l'un d'entre eux intervient naturellement dans vos paroles demandez-vous s'il est remplaçable par "je veux".
Si vous pouvez le remplacer par "je veux", que constatez-vous?
S'il ne correspond pas à un volonté mais bien à une contrainte:
Sinon, il se passerait quoi?
Qu'est-ce qui vous pousse à agir/penser/parler de la sorte?
Qu'est-ce qui vous pousse à subir cette contrainte?
Qu'allez-vous faire de cette contrainte?

Nous verrons bientôt d'autres tics de langage révélateurs de convictions limitantes...


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