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Mauritanie : le venin d'une démocratie à l'envers par Oumar N'Diaye

Publié le 09 mars 2009 par Bababe

La Mauritanie n’est ni noire ni blanche, la revendication de sa part arabe ne doit jamais occulter sa négritude certaine. Notre pays doit fonder sa démocratie sur des principes et des valeurs d’un état de droit qui garantit l’équilibre des pouvoirs, l’indépendance de la justice, la transparence dans la gestion des biens publics, le meilleur partage des richesses nationales, une écoute sincère des revendications des citoyens  ainsi que l’équité dans l’utilisation des talents dans l’exercice du pouvoir, loin des préférences partisanes.

La Mauritanie doit devenir une nation à valeurs portées par des hommes et femmes honnêtes  et non pas une nation réactive à coup de passion et d’état d’âme telle qu’elle l’est actuellement. Que des années perdues dans la construction d’une démocratie salutaire, que de souffrances prolongées dans la perpétuité des espoirs déçus, que des injustices qui attendent vérité et réparation, que de mensonges sublimés dans la promesse d’une unité de façade, que des agitations trompeuses pour occulter le combat à gagner, que du superficiel prôné au détriment des transformations en profondeur de notre nation.

L’erreur impardonnable des dirigeants mauritaniens est de percevoir la démocratie comme une réponse aux exigences de la question noire qui risque de menacer les privilèges hérités d’un pouvoir tribal pour ne pas dire clanique, à force de concevoir la démocratie sous cet angle, la Mauritanie trébuchera longtemps sur les marches de la démocratie constructive. Etrange processus démocratique dans un pays qui a tout construit à l’envers, entre la rédaction d’une constitution dans l’ombre sous l’œil de l’armée et les candidatures fantômes de certains noirs pour légitimer un scrutin à caractère racial, on peut dire que la Mauritanie s’est dotée de l’habillage démocratique sans jamais approfondir la réflexion sur le corps destiné à le porter. Peut-on parler de démocratie dans un pays, où les partis politiques ainsi que les votes reflètent l’appartenance raciale, tribale ou ethnique, que dire des institutions marionnettes du pouvoir,  

On ne peut bâtir une démocratie en s’exonérant  les questions de société qui s’imposent telles : la redéfinition du pouvoir, le développement équitable des régions, le développement des infrastructures, le problème agraire dans le sud, la question de l’esclavage, l’éducation, la santé, la justice, la meilleures répartition des biens et des ressources, le renforcement du débat contradictoire,  la refonte de la justice partiale, la reconnaissance et la réparation des crimes commis, le retour et l’insertion des expulsés et des exilés de force, l’équilibre racial au sein des appareils de l’état, le partage du pouvoir, la valorisation des différentes cultures, la conciliation et réconciliation nationale, etc.

La Mauritanie a toujours cherché à plaire aux capitales arabes en s’impliquant dans les causes palestiniennes et récemment en soutenant le président El Béchir, sans jamais se soucier de se rapprocher de souffrances et des drames vécus par les états noirs qui l’entourent.

A force de s’orienter vers cette démocratie à l’envers, notre pays risque d’agoniser longtemps sous l’effet de ce venin né du manque de courage de faire face à son devoir de vérité afin d’entamer le travail de fond qui mettra notre nation sur les rails d’un futur prometteur.

La Mauritanie doit se faire l’idée que la démocratie n’est ni un caprice  pour satisfaire sa part noire ni une revanche de l’histoire sur sa part arabe, mais plutôt une solution destinée à percer le mal qui le ruine depuis l’aube de son existence, afin de bâtir les fondements d’une nation juste et égalitaire pour tous. Exiger la vérité c’est aussi être intransigeant sur soi même, assez d’élections sans lendemains, assez de coup d’état ruineux, la Mauritanie doit s’occuper des malheurs de ses enfants au détriment des caprices d’une armée qui prend le peuple en otage à chaque fois qu’une lueur d’espoir se pointe à l’horizon.  

Oumar Moussa N’DIAYE


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