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Les naufragés de l’île Tromelin

Publié le 12 mars 2009 par Madame Charlotte

tromelinAuteur : Irène Frain
1ère édition : 2008
Nb de pages : 371
Lu :  mars 2009
Ma note:
4

Résumé :
Un minuscule bloc perdu dans l’océan Indien. Cerné par les déferlantes, harcelé par les ouragans. C’est là qu’échouent, en 1761, les rescapés du naufrage de L’Utile, un navire français qui transportait une cargaison clandestine d’esclaves. Les Blancs de l’équipage et les Noirs de la cale vont devoir cohabiter, trouver de l’eau, de la nourriture, de quoi faire un feu, survivre. Ensemble, ils construisent un bateau pour s’enfuir. Faute de place, on n’embarque pas les esclaves, mais on jure solennellement de revenir les chercher. Quinze ans plus tard, on retrouvera huit survivants : sept femmes et un bébé. Que s’est-il passé sur l’île ? À quel point cette histoire a-t-elle ébranlé les consciences ? Ému et révolté par ce drame, Condorcet entreprendra son combat pour l’abolition de l’esclavage.

Mon avis :

Comme beaucoup en ce moment j’ai lu le dernier Irène Frain, proposé par Chezlesfilles.com. Plus ça va, moins j’accepte, par manque de temps ou d’intérêt, et j’essaie de résister à l’appel de la découverte gratuite qui apparait dans la boîte aux lettres. Je n’accepte donc plus que des livres qui a priori m’emballent vraiment. Ce fut le cas pour celui-ci, car j’avais lu Le Nabab il y a des années, et j’étais tombée sous le charme de l’auteur,  un vrai voyage ! J’ai donc vu là l’occasion de me plonger dans un univers qui m’attire depuis toujours mais que bizarrement je n’ai pas encore tellement lu. Les récits de marins, les romans historiques, j’aime ! Donc voilà, je n’ai pas résisté et j’en suis bien aise !

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Tout d’abord, je m’attendais à un livre plus porté sur le romanesque, à l’image de mon souvenir du Nabab, tout en me demandant comment Irène Frain avait bien pu s’y prendre pour broder autour de faits dont finalement on sait trop peu de choses. Et très vite j’ai compris, elle a opté pour l’historique à tout pris, en utilisant le présent et beaucoup de conditionnel. Elle prend tout d’abord le temps de nous présenter l’île, comme un personnage à part entière et on plonge ainsi dans l’ambiance très vite. Ses descriptions sont saisissantes et on imagine bien le cadre hostile qui attend les futurs protagonistes.

À partir des rares archives  elle relate sous une forme sobre et passionnante cet épisode honteux, ni tout à fait un roman, ni tout à fait un document. Elle se penche plus sur l’évolution des Blancs (en tous cas certains) qui finissent par voir les Noirs comme des humains, que sur ce qui aurait pu passionner les foules en manque de sensations. En s’en tenant principalement aux faits connus, on assiste à un drame dont l’étendue ne pouvait être appréhendée que par des marins de l’époque. Faire naufrage, loin de tout, sur une île qui n’a même pas d’existence officielle, est synonyme de mort certaine. Sans doute moins de nos jours, mais à l’époque du récit, une rencontre avec un récif inattendu pouvait tourner au cauchemar. Bref, voilà pour l’ambiance, ajoutez à cela un îlot franchement pas accueillant et des hommes pas très scrupuleux, et le tout donne une situation des plus oppressantes, géographiquement et humainement.

Suite au naufrage de l’Utile les Blancs et les Noirs vont se retrouver dans le même bateau (attention jeu de mot !), et chacun devra gérer à sa manière son traumatisme du naufrage, puis la tentative d’évasion de l’île. Deux peuples, l’un opprimant l’autre, qui partagent un même instinct de survie, ça laisse des traces. Les personnages principaux des événements (les acteurs dont on en sait le plus) se verront transformés par l’expérience. Castellan, le premier lieutenant, le héros qui revint de l’île avec son équipage mais laissa les Noirs derrière lui, n’aura de cesse de tenir sa promesse de revenir les chercher. Malgré ses efforts et son insistance il faudra quinze ans pour que quelqu’un s’intéresse à ce bout de corail menaçant. Quinze ans pour sauver les derniers naufragés, sept femmes et un bébé.

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L’auteur ne brode rien non plus autour des quinze ans de solitude des Noirs laissés sur l’île. On ne saura que ce qui a été découvert lors des missions archéologiques menées sur l’île. Bien peu de choses donc, mais suffisamment pour rester admiratif devant tant de persévérance et d’espoir.Les quelques indices laissés par les naufragés suffisent à deviner leur étonnant instinct de survie, leur volonté et leur dignité d’hommes et de femmes livrés à eux-mêmes loin de tout.

Plus qu’une histoire de naufrage, ou de marins, c’est une histoire de trahison involontaire de la part d’un homme qui découvre une humanité chez des individus jusque là considérés comme du bétail. Une histoire d’espoir et de volonté de vivre, malgré la trahison, l’isolement et le dénuement total.

Pour en savoir plus :

Crédit photos © Ifremer


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