Deux semaines sans billet… Un siècle à l’échelle du temps blogosphérique.
Deux semaines consacrées à l’action aux côtés de créateurs pour qui la crise a des effets concrets en termes de vente. Pour ceux que je côtoie quotidiennement, je ne peux que constater la raréfaction des clients. L’heure est aux économies, le consommateur se fait discret, l’acte d’achat quant à lui est raisonné, moins spontané, prudent, utile, bio, éco-citoyen et j’en passe, quand il est tout simplement inexistant. Dans ce contexte de morosité aggravée par des prévisions déprimantes, on entend parler de changement des mentalités, voire de changement de civilisation, rien que ça ! Pour faire court, les consommateurs que nous sommes réaliseraient subitement que la surconsommation nuit à la planète et nous mène à notre perte. Si je ne conteste pas que la surconsommation contribue en effet à mettre ne péril les équilibres naturels, climatiques, sociaux ou même géopolitiques, je suis beaucoup plus perplexe quant à ce soi-disant changement soudain des mentalités. Les consommateurs se feraient-ils une raison et se convertiraient soudainement aux vertus de la décroissance ? Non, ils n’ont pas de pouvoir d’achat voilà tout et quand ils l’ont, ils s’empressent d’ouvrir un Livret A. Car je vous fiche mon billet que si par un extraordinaire et miraculeux retournement de situation, la crise se résorberait en quelques jours, la consommation reprendrait de plus belle, les créateurs créeraient et vendraient de plus belle, et les considérations écologiques ou sociétales actuelles auraient tôt fait d’être mises en sourdine. Je ne dis pas qu’un changement des mentalités n’est pas nécessaire, mais encore faut-il avoir un cap pour savoir quelles actions engager et sur quels leviers agir pour influer durablement sur les comportements. Et de mon modeste point de vue, les soi-disant caps qu’on nous propose sont souvent plus motivés par des opportunités commerciales de tout poil, des échéances électorales quand ils ne sont pas le fruit d'une pensée mal construite qui confond synthèse et raccourci intellectuel. Prenons l'exemple de la mode éthique ou la mode équitable. Je n’ai toujours pas compris en quoi il était plus éthique de faire des vêtements avec du coton soi-disant biologique cultivé dans des pays ou le manque d’eau déjà cruel promet des ravages écologiques, humains et sociaux à très court terme, car rappelons-le, la culture du coton est particulièrement consommatrice d’eau. Sans compter que ce coton biologique utilise les mêmes moyens de transport polluants que le coton non bio. Mais loin de moi l’idée de lancer un débat sur ces questions, revenons plutôt aux créateurs en crise.
Au cours de ces deux semaines d’action mais aussi d’observation j’ai constaté une débauche d’énergie qui m’a inspiré cette réflexion : mieux vaut agir que de réagir.
Réagir c’est s’adapter à tout prix la conjoncture, c’est courir après les tendances plutôt que de les proposer, c’est s’investir dans une surenchère permanente, et c’est au final prendre le risque d’éreinter son potentiel, sa créativité et sa trésorerie.
Agir c’est au contraire avoir un plan, un cap et s’y tenir. C’est revenir aux fondamentaux, surtout si on s’est un peu éparpillé durant les périodes fastes que ce soit dans la création elle-même ou les outils marketing et les canaux de distribution utilisés. Agir c’est aussi décider, faire des choix, parfois douloureux et surtout ne pas se laisser les dicter par le discours ambiant. C’est éviter de s’essayer à de nouvelles techniques coûteuses ou produits hasardeux porteuses de débouchés tout aussi hypothétiques. C’est se recentrer sur son cœur de métier, ce savoir-faire qui nous a permis d’en arriver là où nous sommes. C’est enfin privilégier la proximité, s’insérer durablement dans le tissu local avant de repartir à l’assaut du marché global et virtuel, n’en déplaise aux chantres du e-commerce.
Un exemple ? Prenez un plan de votre ville ou de votre village et tracez un premier cercle de quelques centaines de mètres autour de votre lieu de résidence. Combien de personnes vous connaissent à l’intérieur de cercle ? Combien ne vous connaissent pas ? Qu’allez-vous faire pour aller à leur rencontre et leur donner envie de vous acheter une création ou solliciter votre savoir-faire ?
Et vous, quel est votre cap pour les prochains mois ?