Ami(e)s, bonsoir...
Vous ne pouvez pas imaginer à quel point les anecdotes de nos misérables existences influencent ma compréhension du monde. Non pas que je prétende que le sage qui observe est plus avisé que celui qui étudie car je recevrais une volée de bois vert mais disons qu'une conjonction raisonnable des deux postures me parait judicieuse.
Assez péroré !
Je vais vous narrer une situation qui m'est réellement arrivée lors de mes dernières pérégrinations pastorales et comment vous avez failli retrouver une cui cui l'oiselle ou pire : perdre corps et biens, un des meilleurs éléments du village dans des circonstances ridicules qui en auraient réjoui plus d'un (il s'agit là d'humour, je le précise avant la sévère mais juste séance de flagellation qui m'est administrée lors des commentaires après chaque billet).
Nous avions enfermé un petit métis mi-sanglier mi-goret dans une bétaillère, ce petit animal d’une quinzaine de kilogrammes, une fois engraissé, présentait la qualité primordiale aux horribles yeux des consommateurs effrénés que nous étions, de produire une viande succulente qui partageait à la cuisson les effluves musqués du sauvage sanglier avec la chair rebondie, dodue et savoureuse du cochon : je m’en délectais par avance. Ces petites bêtes en général cumulaient dans leur attitude, la vivacité et la hargne du papa sanglier ainsi que la rouerie et l'effronterie de la truie.
Je demandais donc à mon équipier de m’enfermer dans le fourgon afin d’attraper notre innocente et future victime.
Elle était tapie dans un coin, tremblante, ses yeux affolés clignaient dans tous les sens. On la sentait prête à défaillir.
Je savourai sadiquement ma position de force et tendis ma main vers ses petites pattes postérieures. Le gibier m’échappa grâce à une ruade et se réfugia dans le coin opposé. Cette manœuvre se répéta trois ou quatre fois et la sueur commença à me monter au front.
La cinquième fois, le marcassin en glissant tenta de me mordre la jambe et m’écorcha en dessous du genou… Et là mes amis, je sentis mon destin d’homme puissant et arrogant m’échapper : insensiblement, ce n’était plus le petit animal qui m’évitait mais désormais, c’était moi qui évitait la charge de ce petit fauve, Les attaques se faisaient de plus en plus précises et ses bonds plus précis et vigoureux. Il tentait d’attraper avec sa mâchoire mes parties génitales !
J’étais tapi dans un coin, tremblant, mes yeux affolés clignaient dans tous les sens, et je me sentais prêt à défaillir, les petits yeux cruels du monstre me jaugeaient avec férocité du haut de leurs 35 cms.
J’avais beau tambouriner contre la porte qui se fermait de l’extérieur, mon collègue s’était éloigné et cette satanée bête qui ne cessait ses attaques... J’étais quasiment perdu, dévoré par un marcassin, j'imaginais déjà les titres ridicules dans la presse, je me représentais ma mort lente dans d'atroces souffrances, émasculé par un porcelet. Un décès absurde dans la honte et le ridicule !
- Pitié ! Hurlai je au bord de l'apoplexie !
La porte du fourgon s’ouvrit miraculeusement. Je soupçonnais mon collègue hilare d'avoir un peu traîné mais ma joie fit plaisir à voir.
Je n'ai évidemment pas raconté cette histoire un peu niaise sur un blog politique avidement dévoré par les élites de notre pays sans qu'une conclusion s'impose à mes yeux.
Toute ceci sans pédanterie ni prétention : comment ne pas constater que l'obstination, la ténacité, l'insolence et la patience du petit marcassin contre une puissance infiniment supérieure a fait basculer les rapports de force.
Maintenant fermez les yeux et imaginez qu'Internet soit le marcassin et les médias audiovisuels traditionnels privés acquis contre vents et marées au dogmatisme ultra libéral (je ne parle pas de la Presse écrite), la brute et que les blogueurs ajoutent aux qualités de notre petite mascotte délicieusement mijotée, la liberté de ton, l'absence de dogme, l'imagination et la créativité. La confrontation, lentement, tournera à notre avantage et la puissante médiacratie, éternelle chantre du capitalisme le plus dérégulé, s'essoufflera faute de vigueur intellectuelle, de nouveautés et entravée par une complaisance pitoyable mâtinée d'absence de sens critique..
Souvenez vous de "la stratégie du marcassin", les potes, et gardez cette petite parabole dans un coin de votre cerveau : il vous servira à nouveau. Mais surtout ne désespérez jamais : assurément, nous vaincrons !
Ami(e) de cui cui, bonne nuit !
Je dédie ce modeste billet à Etrun qui tient tout seul le DEL 3, et qui trouve les ressources et le courage de continuer avec opiniâtreté.
Cui cui l'oiseau complètement chtarbé et déchiré grave.