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Contes de l'ordi sacré : Gudule à Sainte-Marguerite 1

Publié le 13 mars 2009 par Porky

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Conte délirant mais très moral pour adultes déprimés

Episode 1 : Où l'on fait la connaissance de l'environnement et d'un certain habitant de l'île.

Il était une fois une île entourée d'une eau dont la réputation d'être bleue n'était pas toujours usurpée, et qui se trouvait à quelques encablures d'une côté nommée « azur » grâce à l'extraordinaire imagination populaire. Cette île s'appelait Sainte-Marguerite. Si vous connaissez déjà cet endroit, lecteur nomade et curieux, il est inutile de vous en faire une description interminable. Vous trouveriez en effet que même les mots les plus poétiques, les plus hyperboliques, les plus métaphoriques, les plus métonymiques et les constructions les plus antithétiques et les plus chiasmatiques ne sont pas en mesure de rendre avec exactitude l'idyllique sublimité du paysage. Si vous n'avez jamais posé le pied sur ce rivage enchanté, lecteur sédentaire et étroit d'esprit, vous allez, hélas pour vous, demeurer dans votre ignorance car l'auteur n'a pas du tout l'intention de se livrer à cet exercice chiant difficile qui consiste à rendre compte le plus exactement possible d'un endroit où l'on n'a jamais posé le pied. En fait, cette affirmation n'est pas tout à fait vraie, du moins dans sa dernière partie : en effet, l'auteur, dans son lointain jeune âge, s'est tout de même rendu une fois sur l'île Sainte-Marguerite. Il en a gardé un souvenir tellement émerveillé qu'il a tout oublié des caractéristiques de cet endroit, sans doute très joli, du moins si on en croit les photos qu'on peut trouver sur Internet.

Adonc, imaginez quand même un paysage verdoyant -quand il n'est pas cramé par le plein soleil d'été- des massifs de fleurs, des chemins, un fort, le Grand Jardin, nommé ainsi parce qu'il est effectivement grand (encore un effet de l'imagination populaire), et quelques êtres humains disséminés par ci par là et présentant un très relatif intérêt.

Quasiment déserte en hiver, Sainte-Marguerite, l'été, ressemble aux pâturages alpins dans la mesure où des troupeaux de moutons viennent bêler en chœur devant la beauté du paysage, après avoir vomi tripes et boyaux à cause de la (petite) traversée qu'il a fallu faire en bateau sur une mer pas forcément très calme. Ces ovins malheureusement non consommables arrivent par paquets ; ils ont chacun à la main une arme redoutable : un appareil photo numérique (pas destiné à réduire une sorcière bien connue à l'état de bouse verdâtre). Autre arme terrifiante dont ils disposent et qu'ils ne se privent hélas pas d'utiliser : ils parlent. Vêtus pour certains de bermudas à fleurs et de chaussures de ville, ils arpentent les allées du Grand Jardin et visitent le fort en poussant des « oh » et des « ah » dont on ne saurait traduire ni la tonalité, ni l'intensité, et encore moins le sens.

Mais laissons-là cette faune inintéressante et tournons nos regards vers le seul, l'unique habitant de Sainte-Marguerite, celui dont les moutons veulent à tout prix connaître l'histoire lorsqu'ils visitent son ancienne habitation.

Celui qui sera un des héros de notre histoire habitait l'île depuis de très, très, très, très, très, très nombreuses années. Mais son âge avancé n'avait aucunement altéré son corps, son visage, son allure et son esprit qui gardaient une jeunesse quasi éternelle. Cet homme mystérieux avait dû abandonner son refuge originel et s'était trouvé un appartement avec vue imprenable sur la mer dans une grotte dissimulée sur la côte sud de l'île, à un endroit où aucun mouton n'aurait jamais eu l'idée d'aller, vu le chemin périlleux qu'il fallait emprunter. (Encore qu'il y avait eu quelques regrettables accidents au cours des années écoulées.) L'homme aimait sa solitude et craignait par-dessus tout de revoir une certaine personne qu'il avait connue alors qu'il avait vingt ans et qui avait mis le grappin sur lui d'une façon absolument éhontée. Notre héros était cependant quelqu'un pourvu d'un caractère d'acier : malgré le harcèlement que lui fit subir cette « personne » (dont le lecteur un peu imaginatif aura déjà deviné l'identité), il refusa fermement de l'épouser et dut subir un châtiment pas forcément épouvantable si on le compare à ce qui aurait pu lui arriver s'il n'avait pas eu la force de dire « non ».

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Notre héros était très beau, du moins peut-on le supposer, bien que nul ne connût son visage. Car un des éléments de la punition avait été l'obligation de porter un masque... Non, il ne s'agit nullement de Myxomatose le Chevalier Masqué. Et si le lecteur a un minimum de connaissances historiques, il n'aura pas besoin qu'on lui précise en quelle matière était faite ce masque. Si ? Il le faut ? Bon, et bien oui, il était en fer. Et notre homme n'était ni plus moins que le fameux Masque de Fer, dont personne ne connaissait la réelle identité. (Frère jumeau de Louis XIV, Fouquet, frère adultérin du même Louis XIV, fils illégitime du Roi Soleil, etc, etc...)

En fait, le malheureux n'avait jamais eu à subir les foudres de la colère royale, bien au contraire. Louis XIV ignorait tout de cette histoire dont les racines plongent au cœur du Paris du 17ème siècle. En ce temps-là, un jeune noble, nommé le Comte de *** était tombé amoureux d'une dame de la cour qui ne faisait absolument pas attention à lui, pour la simple raison qu'elle était myope comme une taupe et, de ce fait, il avait beau lui adresser ses sourires les plus enjôleurs, la Magnifique ne voyait strictement rien, sinon un vague visage flou un peu déformé. Désespéré de l'indifférence de la dame, il eut l'idée saugrenue d'avoir recours à la magie pour s'en faire aimer. Il contacta la Montespan, qui contacta la Voisin, qui contacta une autre sorcière de sa connaissance...

(Qui est cette sorcière amie de la Voisin ? Comment le Masque de Fer a-t-il pu survivre aussi longtemps ? Et quand les véritables héros de cette histoire vont-ils apparaître ? Patience, s'il vous plait, ce n'est que


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