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La « Blue car », le néocolonialisme et la planète…

Publié le 13 mars 2009 par Chezfab
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Je sens que ce billet va déranger plus d’un de mes amis…

Voici donc Bolloré, groupe fort respectable parait il et super écologique selon les normes de la fondation Hulot. Déjà il va falloir un peu arrêter avec cela. Bolloré est un bel exemple de « greenwashing » et a senti venir le vent de la nouvelle façon d’exploiter les peuples : le capitalisme vert (ou appeler pudiquement croissance verte).

Les activités de Bolloré ?

La télévision déjà (Direct 8), les gratuits à la sortie du métro (vous savez ces titres bien droitiers que sont Matin Plus et Direct Soir et dont la consommation papier / déchets sur le trottoir n’est pas à démonter), de quoi faire des jolis sondages pour dire que la voiture du futur c’est la Blue Car (participation dans CSA institut de sondage), une participation dans EuroMédia Groups (un trust de l’audiovisuel). Il en manque mais voilà déjà pour l’arsenal communication.

Ensuite, le  « premier métier » du groupe c’est le film plastique et le papier mince. Ces deux jolis petits trucs écologiquement mortels pour pas mal d’espèces, et juste un peu glouton en pétrole. Et comme c’était en perte de vitesse, c’est sur les batteries électriques (je vais y revenir plus bas) que le groupe a investi pour sécuriser sa fortune. Détenteur au passage de pas mal de brevets sur les batteries Lithium.

Pour parfaire l’écologie mystique, Bolloré détient aussi une part très importante de la fourniture de fioul domestique en France et une part dans Socfinal. Et là vous allez me dire : c’est quoi Socfinal ? Rien de moins qu’une des plus grandes plantations de palmier à huile pour le nécrocarburant au monde. Vous savez ces palmiers qui remplacent toute biodiversité partout dans le monde…Et dont le siège semble basé au Luxembourg.

Avec un tel panel, nous ne pouvions douter un instant que la crise écologique allait permettre de rentabiliser les investissements passés. C’est donc l’arrivée de la « Blue Car », ou voiture bleu, construite autour d’une batterie lithium / méthane "révolutionnaire".

Ce petit « bolide urbain » (description faite à la radio, donc il est logique de rouler vite en ville…) permettra donc, d’après Bolloré de « rouler vert et sans polluer ».

Heu… N’y aurait il pas un léger hic ? Déjà pour deux choses. Premièrement, mais je ne m’étalerais pas là-dessus, l’électricité nucléaire pose un problème sérieux pour l’environnement. Donc on n’est pas dans l’optique première d’un impact zéro. Mais, en plus, il y a un souci du côté du lithium…

La plus grande réserve de lithium se trouve en Amérique du sud. Plus précisément, il s’agit du lac salé fossile d’Uyuni en Bolivie. Et encore une fois, tout se passe à grand coup d’argent : que je t’achète les terres, que je saccage au mépris de la faune et de la flore, ou de l’intérêt scientifique que peu représenter un tel environnement.

Pour satisfaire les besoins des pays riches, on va encore une fois jouer les gros bras. Le Niger est un exemple pour l’uranium : quand on expatrie des populations complètes au sein de leur propre pays (sans parler des expositions divers et des conditions de travail). Il ne faudra pas longtemps pour que la course au lithium entraîne les mêmes effets. Et comme pour l’uranium, certains scientifiques, aussi humanistes que le professeur Menguelé, se concentre sur l’idée que « c’est bien car c’est une ressource dont on ne manque pas ». Mais à quel prix ? Combien de destruction, d’humiliation, de morts ? Cette vision néocoloniale des choses (entraînant l’idée que pour satisfaire les besoins égoïste des « pays du nord » il serait normal de « piller le sud ») est très éloigné de ce qu’est réellement l’écologie (et je ne parle même pas ici d’écologie politique). De voir des associations trouver que la « Blue Car » est une solution admirable fait froid dans le dos… Il y a un darwinisme social inacceptable dans ces assertions.

Alors je vois déjà poindre l’esprit d’ennui qui va me dire « oui mais ne peut pas se passer de la voiture ». Certes, certaines régions rurales ou pour les services d’urgence et autre, c’est un fait. Mais dans bien des cas, une réelle réflexion sur la mise en place de transports collectifs solidaires (donc gratuits ou quasiment) et efficients entraînerait la non nécessité. A force de ne regarder la vie que par le prisme de l’individualisme, nous finirons par flinguer la planète pour notre plaisir, en enfants égoïstes. Relisez Gorz et sa critique de la bagnole. Elle est plus que d’actualité. C’est bien vers un changement de société qu’il faut aller, et non vers la continuation de l’actuelle.

Nous ne résoudrons pas les problèmes sociaux et écologiques par la continuation d’un système capitaliste de captation et d'ostatentation, même peint en vert. La logique d’une socité individualiste vivant sur le dos de 4/5 de l’humanité doit cesser. Sans cela, c’est notre humanité que nous perdrons.


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