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Barbie ou les cinquante ans du mannequin de l’ultra-capitalisme

Publié le 13 mars 2009 par Petiterepublique

barbie-chaise-electriqueFêter le cinquantième anniversaire de celle que nous voyons désormais sur la plupart des plateaux télé s’imposait comme un devoir médiatique. Barbie, cette poupée prétendument inventée par Ruth Handler en 1959 vient en effet d’atteindre un âge certain dans la conscience collective. La poupée filiforme à la poitrine généreuse qui inspirera des générations de chirurgiens esthétiques  aura fait un parcours magnifique dans l’idéal de la femme blanche à la blondeur seulement égalée par une certaine Allemagne. Le pays qui connut l’ascension d’Hitler n’est d’ailleurs pas indissociable de l’univers de Barbie, dans la mesure où cette dernière n’est qu’une copie de Bild Lilli, personnage inventé pour illustrer le journal Bild Zeitung et qui sera par la suite commercialisé dans les années cinquante sous la forme d’une poupée revêtant les traits d’une belle jeune fille blonde.

Parfait modèle de la société de consommation, Barbie connaît une réussite qui repose probablement sur l’ambiguïté de cette poupée destinée aux enfants et dont le corps revêt pratiquement tous les aspects d’une femme. Liée au développement du consumérisme et des produits destinés aux plus jeunes, Barbie traduit les aspirations de ces adolescentes qui rêvent d’avoir ce corps de femme à l’équilibre pourtant improbable, mais aussi l’évolution des pratiques marketing qui tendent à considérer l’enfant comme un consommateur à part entière.

Incluse dans ce processus de consommation télévisuelle, cette Barbie qui a eu tant de mal à revêtir un aspect plus bigarré va donner lieu à des comportements mimétiques ou plus exactement à la composition de canons de beauté qui influeront sur les comportements vestimentaires, alimentaires des enfants mais aussi sur les préjugés raciaux. La difficulté à voir apparaître une Barbie noire pose inévitablement le problème d’une persistance ségrégationniste dans les consciences. De même le phénomène d’antonomase qui conduit la plupart d’entre nous à qualifier un être vivant de Barbie est une preuve supplémentaire de l’implantation du modèle en tant que représentation esthétique. Sans faire comme les islamistes qui diabolisent cette poupée pour ses vertus érotiques, il faut reconnaître que le modèle sociétal imposé par la société Mattel pose aussi le problème d’une vision capitaliste fondée sur la réussite financière et les signes extérieurs de richesse qui constituent l’univers de Barbie.

Dans sa vocation socialisatrice, la poupée Barbie a réussi à attacher définitivement l’enfant au domaine de la société de consommation et aux idéologies qui favorisent la frénésie des achats.

Laurent Monserrat

  1. L’Humanité du 18 février 1993 nous apprenait qu’une « jeune personne est passée 18 fois en quatre ans sur le billard des chirurgiens esthétiques pour pouvoir ressembler trait pour trait à son idéal de beauté féminine : la poupée Barbie ».

Nombreux sont les artistes qui se sont attachés à déconstruire la figure de Barbie, à mettre à mort ce symbole d’une enfance pervertie par le consumérisme. Torture grossière, plaisir sadique, décapitation, chaise électrique, les mises en scènes de la fin de Barbie se déclinent de toutes les manières avec une réussite souvent discutable. Le photographe Alex Sandwell Kliszynski a ainsi joué sur la tentation de l’humain à se rapprocher de la Barbie en tant qu’objet érotique tronqué de ses attributs sexuels. Le réalisme de ces photos est parfaitement saisissant.

Le site « Barbie massacre » met en scène la poupée Barbie soumise à d’atroces sévices sexuels mais aussi des mutilations qui ne sont pas sans rappeler celles que commit la bande de Charles Manson.

A découvrir aussi “Les barbies refusées par Mattel“, dessins de Moalex.


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