Magazine Photos

Parution récente : Eric DUBOIS, "LES MAINS DE LA LUNE".

Par Ananda
ERIC DUBOIS : LES MAINS DE LA LUNE, Collection Encres Blanches n° 350, Editions ENCRES VIVES, 2009.

Ceci est le septième recueil publié par le très actif poète Eric Dubois aux éditions "Encres Vives".
On y retrouve les thèmes favoris de cet auteur, ceux qui l'obsèdent : l'amour, la mort, le silence, la nuit (qui est "rumeur(s))", l'ancestralité et la transmission, les murs ("Taper contre / les murs du soleil / de ma voix d'apocalypse"), le temps ("Nous dormons dans les bras du temps") et, par dessus tout, les mots, qui induisent ici une sorte de fragmentation du poème.
Les mots d'Eric Dubois sont forts et nus, ils traduisent une forme de heurt avec le réel et avec l'impossible traversée des apparences.
Ils frapppent par leur nudité écorchée (qui ferait presque penser à des arbres en hiver), leur façon  de se jeter sur la page un peu comme le feraient des entailles, des coups de griffe solitaires, des particules jaillissant soudain du néant.
Ils résonnent dans le vide, dans l'"ennui" qui constitue leur "source" première, on dirait qu'ils s'évertuent à essayer de prendre corps, de se hisser à la surface, de s'arracher à l'abstraction et au manque foncier de substance qui est une caractéristique de l'univers.
Y parviennent-ils ?
On est peut-être en droit de se le demander.
Il y a quelque chose d'urgent et d'oppressé dans ces poèmes d'Eric Dubois, qui, sans doute, marquent l'entrée en "maturité" de sa parole. Les mots y sont mots de "nuit échouée", de "navigation à vue", voire de "dérive sans objet" au seuil de l'amertume, de la désespérance, "au seuil de l'être" où, semble-t-il, le poète se maintient toujours.
Le désespoir d'Eric Dubois est en recherche d'une unité : peut-être est-ce "le jour" qui "jointe les morceaux épars"(?). Peut-être Eric Dubois aime-t-il la nuit, le nocturne, tout simplement parce que "l'aube divise"(?).
L'avancée des mots, l'avancée de l'être, on le sent bien, se font sur des "territoires fragiles". "répétés dans la main du hasard", les mots peuvent-ils être autre chose que des "paravents" ?
Dans le va-et-vient précaire de la vie, les rêves restent "circulaires"; "Nos mains se séparent pour saluer des conquêtes fragiles".
Les poèmes se font écho, par de multiples reprises de phrases, qui entretiennent une tonalité d'incantation assez obsédante.
Le "mouvement des choses" fait de nous tous des "avaleurs de jours" et "de vie". D'une vie qui se "réduit " de façon cruelle à "quelques arpents de temps".
Raison de plus pour crier haut et fort qu'"il faut se méfier des mots", de ces mots qui "n'ont pas l'exactitude". Raison de plus pour affirmer que "nos secrets [...] sont notre seconde peau".
Si le poème d'Eric Dubois salue le pouvoir des mots qui "scellent les années" et qui "fédèrent les esprits", il n'en continue pas moins à ne reconnaître en eux que des "prothèses".
Ce sombre et court recueil, que je trouve très beau, très abouti, nous confronte au plus écorché, au plus à vif de la condition humaine.
A noter, aussi, en couverture, une illustration de Valérie Gaubert dont les courbes labyrinthiques,  foisonnantes,  ne manquent sûrement pas de charme.

Patricia Laranco.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ananda 2760 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines