Magazine Politique
Mal levé ce matin, mal réveillé. J'ai traîné ma langueur toute la journée. Comme chaque samedi je rêve à tout ce que j'ai projeté de faire pour la journée et que je me promets de faire le samedi suivant.
M* m'appelle, il sort petit à petit de son enfermement asocial. Je lui glisse une Nième fois que je vais descendre le voir un des ces prochains week-ends pour secouer son marasme. Cette fois-ci, il ne refuse pas. Il est comme les chats, on ne peut les approcher que s'ils y consentent.
L* savait où j'irai boire un verre ce soir. Il m'y attendait. Je suis piégé. Il me saute au cou. Comment éconduire sans blesser ? Espérant me retenir, il me susurre des cochonneries à l'oreille, il ne fait qu'accroître mon malaise. Je m'enfuis piteusement.
Deux fois cette semaine une prémonition. Je suis troublé, je me dis que l'idée m'est venue à l'esprit en même temps que l'événement et non immédiatement avant. Et pourtant...
Le garçon maghrébin n'est pas vilain, il est habillé à la mode. Il semble doux et attentionné. Sa femme, que je vois de trois-quarts dos, porte le voile et est habillée d'un gris uniforme désespérant. Je songe à cette discordance et à sa signification. Elle se retourne : ce n'est pas sa femme, c'est sa mère. A la fois je souris et je m'en veux de m'être laissé trompé par un faux semblant.
Je rentre chez moi en bus. J'aime regarder les gens dans la rue lors du trajet. La foule du samedi soir est agitée alors que je suis mêmement las. Je croise le regard d'un garçon. Un sourire. Tout n'est pas perdu.