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Don d'organe: la Suisse mauvaise élève

Publié le 15 mars 2009 par Samiahurst @samiahurst
Don d'organe: la Suisse mauvaise élève'L'année dernière' disait il y a quelques temps une campagne britannique 'notre fils a fait une chose incroyable: il a eu 6 ans'.
Vivre grâce à l'organe d'un autre. Faire vivre un autre grâce à une part de soi qui nous survit. Peut-être que ça dépasse l'entendement. Du coup, on est un brin emprunté pour parler des personnes sur liste d'attente. Il n'y a après tout pas de droit à être transplanté... Ni de devoir de donner... Mais que puis-je faire de mes organes après ma mort qui soit tellement mieux que ce qu'en ferait une personne qui, grâce à mon don, serait encore en vie? Une autre campagne clamait 'Ne prenez pas vos organes au ciel, le ciel est au courant que nous en avons besoin ici!'...Et en effet, lorsqu'on demande qui est favorable à la transplantation d'organes, la plupart des gens répondent présents.
Pourtant, concrètement, la Suisse connaît une pénurie d'organes nettement plus importante que ses voisins. Sommes-nous moins généreux? Moins solidaires? Moins prêts à aborder la question du don d'organes? Tant qu'il s'agit d'un don de son vivant, pour un proche, comme c'est possible pour un rein ou un lobe du foie, il semble plutôt que nous y soyons de plus en plus disposés. C'est donc le don posthume qui est touché. Pourquoi? Notre réticence à nous projeter dans un avenir situé après notre mort y est sans doute pour quelque chose. Il y a sans doute aussi là une question (sans mauvais jeu de mots) d'organisation. Nommer des coordinateurs. Apprendre aux médecins non seulement à demander, mais aussi et surtout comment le faire. Et surtout informer.
Car lorsqu'on parle du prélèvement d'organes à transplanter, les malentendus sont légion. 'Est-on sûr qu'on est mort?' Oui, c'est crucial, et c'est pour cela que le diagnostic de la mort cérébrale lors du don d'organes est l'examen le plus détaillé jamais pratiqué pour établir un décès. 'Va-t-on renoncer à me soigner si je suis donneur?' Et vous, si vous aviez devant vous une personne gravement malade et que vous pouviez sauver, vous la sacrifieriez? Et pour un inconnu? Bien sûr que non. Non seulement il est impensable pour une équipe médicale de 'lâcher' un malade parce qu'il serait donneur, mais en plus on met leur indépendance sous protection supplémentaire en les ségréguant des équipes qui soignent les receveurs. En Suisse, ce principe est inscrit dans la loi.
Mais on le voit, tout ceci mobilise des sujets qu'on préférerait sans doute éviter. Une des politiques visant à augmenter le nombre d'organes disponibles, le 'consentement présumé', ressemble d'ailleurs furieusement à une autre manière de ne pas aborder le sujet. Sous ce régime, qui a été refusé en Suisse après avoir été transitoirement appliqué dans certains cantons, on part du principe que tout le monde 'a accepté' à moins d'un refus explicite. C'est l'inverse du système du 'consentement explicite', de la personne ou de ses proches. Le consentement présumé pose, entre autres, le problème du manque d'informations: comment savoir si 'qui ne dit mot consent' véritablement? Il élimine aussi la dimension du don, pour considérer les organes comme une propriété commune après notre décès. Mais surtout, c'est probablement un leurre en pratique. Car comment, humainement, prélever des organes à une personne décédée si ses proches s'y opposent? Les pays qui, comme l'Espagne, ont fortement augmenté le don d'organes le doivent probablement d'autres mesures, comme la coordination, et la formation du personnel soignant à aborder la question de la transplantation. C'est aussi le cas au Tessin, cité en exemple pour cela en Suisse. Choisir de devenir donneur ou non peut aussi prendre une dimension citoyenne. Au Canada, lorsque la crainte du HIV a fait exclure les homosexuels du don d'organe, certains ont milité pour y être réadmis.
Sous le régime du consentement explicite, c'est donc à chacun de décider pour soi. Il faut savoir que c'est possible à un âge nettement plus avancé que ce que l'on croit parfois. En cas de malheur, c'est un service que l'on rend à sa famille que de lui dire si oui ou non on est d'accord d'être donneur d'organes. J'ai vécu quelques années aux États-Unis, où mon accord figurait sur mon permis de conduire. Un brin morbide, d'accord, mais très pratique. Ici, le mieux est une carte de donneur. On les obtient ici pour la Suisse, et ici pour la France.

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