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Vous avez dit : "Mauricien" ?

Par Ananda
Métissage non assumé. Identité problématique. Etrange pays que l'Ile Maurice !
On se demande, d'ailleurs, comment un tel pays peut tenir debout.
On dit souvent que tout voyage, que toute expatriation est, quelque part, une quête de soi-même. Il me semble que rien n'est plus vrai en ce qui concerne les Mauriciens.
Que faut-il pour réveiller le sentiment d'être mauricien, en d'autres termes "l'identité nationale" mauricienne - je vous le donne en mille ?
Eh bien, il semble qu'il faille un éloignement de l'île, une prise de distance d'avec ce pays de multiculturalité compliquée et de communautarisme, en un mot comme en cent une expatriation le plus loin possible de ses rivages dits "enchanteurs" pour que le Mauricien se rende enfin de compte qu'il est Mauricien !
En voyageant, il part, en quelque sorte, à la conquête de lui-même, et à la conquête de Maurice ! Tant il est vrai qu'on ne peut se trouver que par comparaison avec d'autres, que par rapport à.
De là résulte, sans doute, cette propension assez remarquable au voyage et à l'exil qui caractérise tant de natifs de l'"île arc en ciel", d'Edward Maunick à Le Clézio en passant par Torabully, pour ne citer que des écrivains.
Mais si Maurice incite si fort au voyage purement géographique, elle incite aussi à une autre forme de voyage : celui de l'écriture, tant (je l'ai dit ailleurs) elle abonde en poètes, en romanciers et en nouvellistes.
L'écriture. Pour s'évader. Pour questionner l'identité. Le mot. Pour se trouver une langue.
L'identité mauricienne est encore, toujours, en devenir. Quand se cristallisera-t-elle enfin ? Se cristallisera-t-elle ?
Sera-t-elle aussi féconde littérairement dès lors qu'elle se sera cristallisée ?
On peut se poser ces questions.
En attendant, le Mauricien, ce "pluriel", se raccroche toujours - sans doute pour se rassurer - à ses références "communautaires". Gérer un tel fouillis d'horizons culturels, d'héritages, ce n'est pas facile . Inde, Chine, Afrique, Madagascar, Europe...sans parler des religions. Il y a de quoi donner le vertige et - certes - ne pas s'y retrouver !
Il est assez étrange de constater que sa proche voisine, La Réunion, est beaucoup plus homogène au plan de son vécu identitaire et, dans le même temps (du moins à ce que j'en sais), nettement moins productive sur le plan littéraire.
Je vous laisse le soin de conclure.


Patricia Laranco.

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