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The Sky is the Limit

Publié le 15 mars 2009 par Toulouseweb
The Sky is the LimitCrise ou pas, les ambitions de Ryanair n’ont pas de limite.
Le trafic de Ryanair va-t-il monter jusqu’au ciel ? Le modčle économique de la compagnie low-cost irlandaise, version durcie de celui de Southwest Airlines, résistera-t-il ŕ un tassement de la demande ? Ce sont des questions répétées ŕ l’infini, véritable leitmotiv, sans que les plus savants des analystes ne se risquent ŕ formuler un avis. Tout au contraire, leurs boules de cristal sont pleines de circonlocutions, de précautions oratoires, de prudents conditionnels.
On peut au moins affirmer qu’on ne s’ennuie jamais avec Michael O’Leary. S’il constate qu’on commence ŕ parler trop peu de lui, il déboule sans prévenir, lŕ oů on l’attend le moins, appliquant une politique de communication ŕ la Sarkozy qui permet d’occuper le terrain, de s’emparer de la quasi-totalité de l’espace médiatique et de d’assurer ainsi une publicité totale, publicité au sens étymologique, certes, mais également bassement commerciale.
Dernier Ťexploitť en date, une vraie-fausse bourde, ŕ savoir un ballon d’essai lancé dans la nature, le projet …de toilettes payantes ŕ bord des 737 de la compagnie. Succčs immédiat assuré, dépęches et articles par centaines, commentaires dans tous les sens, les uns scandalisés, les autres amusés. Le tout suivi d’une savante marche arričre, avec explications en bonne et due forme : ce serait techniquement difficile et légalement délicat. En pratique, un énorme coup de pub, qui n’a évidemment rien coűté.
En principe, une information pousse l’autre. Néanmoins, l’autre innovation de Ryanair, dévoilée au męme moment, bien réelle celle lŕ, n’a pas encore bénéficié des retombées médiatiques qu’elle justifierait. A savoir la disparition prochaine des comptoirs d’enregistrement de la compagnie au profit d’une méthode tout Internet. Il s’agit lŕ d’un coup financier et non pas médiatique : les passagers ne verront plus un seul ętre humain avant leur embarquement, mis ŕ part les incontournables responsables de la sűreté.
L’économie sera évidemment substantielle. Le véritable exploit de Michael O’Leary étant de saisir l’occasion pour imposer ŕ ses clients une surcharge de 5 euros pour frais d’enregistrement. Une somme doublée, pendant une brčve période transitoire, pour les distraits qui oublieraient de s’enregistrer de chez eux. Plus tard, c’est-ŕ-dire dčs le 1er octobre, ce sera le site web ou rien.
On connaissait déjŕ le bagage payant et autres petits suppléments mais, cette fois-ci, c’est du grand art. Aussi doit-on espérer que les consommateurs, appuyés par les autorités, se décident ŕ exiger des prix nets. Que chacun sache enfin ce qu’il en coűte vraiment d’aller de A ŕ B, la somme ŕ débourser n’ayant bien souvent rien ŕ voir avec celle annoncée en chiffres immenses, noir sur jaune, d’une campagne publicitaire ŕ l’autre. Ces chiffres occupent le terrain et dissimulent un minuscule Ťapdť, qui exige une vue excellente, néologisme au paradis des acronymes qui signifie Ťŕ partir deť.
Cette maničre de faire devient franchement agaçante. D’autant, citation pas nécessairement apocryphe, que Michael O’Leary aurait dit ŕ un passager mécontent : Ťau prix oů vous avez payé votre billet, vous avez tout juste le droit de vous taireť (1)
En ces temps difficiles, bien sűr, les voyageurs aériens deviennent de vrais consommateurs avisés. Outre le fait que, pour la plupart, ils ignorent tout simplement qui est Michael O’Leary, ils comparent attentivement les prix et vont lŕ oů est leur intéręt. Sur Ryanair, le tarif moyen est de 44 euros pour un aller simple, un niveau imbattable que n’approchent męme pas EasyJet et Air Berlin.
Au cours de la période de 12 mois qui s’est terminée fin février, Ryanair a transporté 58 millions de passagers. Sa flotte devrait passer de 180 ŕ 300 avions dans les trois ans et il est question de nouveaux engagements portant sur 400 appareils supplémentaires qui seraient bientôt négociés avec Boeing (et moins probablement Airbus). Il faudra bientôt choisir entre admiration et inquiétude et tenter de comprendre si le trafic low-cost pourra croître ŕ l’infini et monter jusqu’au ciel.
Pierre Sparac - AeroMorning
(1) extraite d’un ouvrage de Siobhan Creaton, ŤRyanair, How a Small Irish Airline Conquered Europe, Aurum Press, Londresť

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