Magazine Ebusiness

Comment Total raconte une bonne histoire

Publié le 17 mars 2009 par Dangelsteph

Je ne vais pas me faire que des amis en disant cela : dans l'absolu, l'histoire que raconte le comportement récent de Total (bénéfices records puis annonce de 555 suppressions de postes) est une bonne histoire. Dans l'absolu...


Annoncer des bénéfices records, indiquer très clairement ne pas vouloir les partager, puis reprendre la parole quelques jours plus tard pour pré-annoncer une vague de suppression d'emplois à venir, c'est une bonne histoire si on considère le point de vue de ceux à qui elle s'adresse : les investisseurs. Ces derniers ont d'ailleurs bien manifesté leur plaisir de l'entendre : l'action Total a connu une progression de 5,32 % sur la semaine écoulée.

Total a choisi l'auditoire de son histoire. En soi, que nous l'entendions cette histoire, c'est involontaire, nous n'aurions pas dû. C'est un peu comme si nous étions les clients d'un même bistrot, et que nous tendions l'oreille vers des conversations de voisins de comptoirs. On pourrait même dire que cela ne nous regarde pas et que c'est très vilain d'écouter aux portes.


Dans l'absolu.


Mais ce n'est pas dans un monde absolu que nous vivons : rien n'y est étanche, sinon comment une crise partie des Etats-Unis aurait-elle pu nous toucher. A partir du moment où nous racontons une histoire en public, elle ne nous appartient plus, elle appartent au public et pas seulement à celui que l'on a choisi, mais à tous ceux qui l'entendent. N'importe quel écrivain le dira : à partir du moment où son histoire est publiée, il ne la considère plus comme sienne, et ne sait pas ce qu'il en adviendra.

C'est là le pouvoir des histoires, à double-tranchant.
Mais est-ce vraiment important, pour Total ?


Total a pesé, évalué les risques d'une histoire lancée comme une bombe. Quels pourraient être les dommages collatéraux, les risques de blesser des "amis" ou alliés ? A vrai dire ils sont peu élevés : la réponse des marchés financiers à l'histoire  racontée par total a même dû en rassurer plus d'un. Comment donc ? On voudrait réinventer le capitalisme financier ? Plus jamais ça ?


L'adhésion des marchés à l'histoire racontée par Total montre qu'il n'en est rien : un toilettage sera fait, mais les bases de l'histoire que construit le capitalisme financier demeureront. Total vous le promet, au nom de tant d'autres de ses homologues industriels qui n'ont pas eu le courage d'avoir ce qu'il faut bien considérer comme une forme d'honnêteté, aussi peu plaisante qu'elle paraisse. Fermez le ban.
D'autres histoires d'entreprises : Coca en stock et Les histoires d'entreprises emblématiques du moment



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Dangelsteph 367 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte