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Opération Cercles de silence,1400 photos

Publié le 17 mars 2009 par Drzz
 Bonjour amis,
Voici un reportage écrit par un ami Belge, reportage qui m´a profondément touchée et je voudrais dire à Charles, l´auteur de ce reportage pas comme les autres,  que de Jérusalem, je vois en moi ces photos ; Elles prennent vie et le silence qu´elles racontent déposent sur ma conscience un devoir de mémoire actif et militant. Merci Charles
Reportage de l'Opération Cercles de Silence.
Dimanche 15 mars 2009
Assistance : 2000 personnes. Tous âges, sexes, couleurs, religions. Une grande communion des coeurs. Des Rabbins, des Prêtres, un Imam, des militaires, des Résistants. Des Hommes politiques nombreux. Sans doute la proximité des élections. Des personnalités juives. Un discours et puis un Cantor à la voix de stentor a récité les chants traditionnels. Un choeur a entonné quelques chants de la Yddishkeit, accompagné par une imposante formation musicale. Ensuite le silence, total, absolu, pas de voitures, pas de bruit. Rien. Et pour finir un Kaddish chanté par ce célèbre Cantor. Vous avez raté cela. Merci à toutes les organisations qui ont battu le rappel et permis de saluer avec force cet évènement.
Bien sûr, nous ne connaissons pas d'antisémitisme en Belgique. Tout est parfait ! A la limite pourquoi refaire toujours ce genre de théâtre, cela agace à la fin !
Comment, j'ose dire cela ?
Mais parce que rien de cela ne s ‘est produit aujourd'hui.
Ont répondu présents : les photos des 1400 déportés du XXème convois. Et une cinquantaine de Juifs.
C'est tout? C'est tout !

Et les VIP's, les personnalités ? Pas de VIP mais des VIPO ! Et aussi des jeunes. Ce fut poignant. Nous nous sommes imposés le silence et l'immobilité, longtemps, très longtemps; Près d'une heure.
Un grand cercle de gens, des humains, mains en mains, des inconnus ensemble. Et plus du tout inconnus après. Parce que, parce que quand on se tient par la main pendant une heure, là, on ne doit plus rien se dire pour se connaître. Bruit indécent des voitures qui défilent. Un accordéon mêle sa mélancolie juive au violon qui pleure en Yiddish. Une voix  psalmodie, "papirossen" et encore nous déchire.
Alors, nous sommes dans le Temple, voici 2000 ans, nous sommes dans les ghettos voici 75ans, nous sommes dans les camps, voici 67 ans, nous sommes là bas et ici, hier et aujourd'hui.
Ces mains que l'on touche à droite et à gauche, c'est bon, cela vous remue. Je serre celle de gauche, ma droite tient ma canne. Alors, la jeune fille a posé délicatement la sienne sur la mienne. Elle m'a demandé si elle pouvait. Et pour moi, ce fut un privilège de recevoir sa paume.  
Alors, j'ai regardé tous ces visages. Tous. Et mes yeux se sont accrochés à ceux de cette jeune fille, et je ne l'ai plus quittée des yeux pendant tout le Grand Silence.
Jolie, jeune, lumineuse, elle me souriait, peut être amusée, heureuse de voir un vieux barbu inconnu qui lui souriait aussi, par dessus la tête de mon vis à vis. A-t-elle survécu ? A-t-elle dû se dénuder devant les crapules en uniformes de crapules.
Lui a-t-on tondu le crâne ? L'a-t-on poussée dans la chambre à gaz pour la désinfecter comme il faudrait désinfecter Garaudy et Willamson ? Ses yeux me racontaient son bonheur de vivre. Là, alignée avec les 1400 autres photos de déportés.
Sur le trottoir; nous étions 50. Pas de Rabbin, pas de personnalité sauf le Président du  CCOJB. Un seul Président sur la vingtaine que compte Bruxelles. Evidemment, nous n'avons ni GSM, ni TV, ni Fax, ni Presse, ni Radio, ni Internet, rien pour communiquer, rien pour diffuser.
Comment lui dire cela à elle, comment nous excuser du si petit nombre?
Et puis quelqu'un, non pas quelqu'un, mais un monsieur, petit, cassé et aux cheveux blancs, d'initiative a entonné le chant dédiés aux Juifs des Camps et a récité le Kaddish.
Une voix qui se cherche et se trouve détraquée par l'âge et l'émotion, pathétique de vérité. Et puis, on est parti. Mes deux voisines m'ont souri et elle aussi, là en photo parmi les 1400 autres.
Je ne connaîtrai jamais son nom ni son destin. J'étais venu très tôt. Une heure trente trop tôt pour voir, me gaver, me substantifier de ces visages.
J'ai demandé à deux connaissances : dites, vous leur trouvez l'air Juif, vous, à ces Déportés.
Comment les nazis ont-il pu faire croire que nous étions différents ? Ils et elles ressemblent à des Wallons, à des Flamands, à des gens quoi !

Et elle, là, qui me sourit parmi ces 1400 photos, ah elle, c'est un ange. Sans doute, est-elle arrivée là-bas au Paradis des Anges. C'est sûr !
Les miens, mon Grand Père Samuel, ma Grand Mère Baïla, ma Tante Hannah, mon cousin Maurice, son père mon Oncle Szyme et son épouse ont eut le privilège de partir par le premier convoi. Premiers partis, jamais revenus.
Aujourd’hui, ce dimanche 15 mars 2009. c’était face au Palais Royal, en silence. Charles (Chaskel) Frajlick Merci à Celles et Ceux qui sont venus. frajlick charles

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