On espère que les résultats seront à la hauteur de la taille de l’événement : des dizaines de milliers d’experts, plus de 180 pays sont presents à Istanbul pour traiter du dossier brûlant de l’eau dans le monde.
Dans un contexte de crise mondiale qui rend plus difficile le financement des grands projets d'infrastructure, l’urgence est de convaincre les politiques de continuer à investir dans l'accès à l'eau, mais aussi de l'importance du traitement des eaux usées et de l'accès à des toilettes pour les populations des pays en développement. Au total, 2 milliards de personnes n'ont pas de latrines correctes proches de chez elles. La moitié de la population mondiale vit en ville et 85 % des eaux usées dues aux activités humaines sont évacuées dans la nature sans épuration. Cette situation, comme on ne cesse de le marteler sur ce blog, a des conséquences sanitaires effroyables, scandaleuses. Dans les pays en développement, 80 % des maladies sont liées à l'eau, et 3 millions de personnes en meurent toujours.
Sous l'égide des Nations unies, vingt-six agences de l'ONU ont rédigé et rendu public la semaine dernière le troisième rapport mondial sur les ressources en eau. Il montre qu'il faudrait entre 90 et 150 milliards de dollars, chaque année dans le monde, pour construire et entretenir les systèmes d'adduction, d'évacuation et d'irrigation performants. Sur le continent africain, le manque d'accès à une eau de qualité et à des infrastructures sanitaires de base engendre des pertes estimées 28,4 milliards de dollars par an, soit près de 5 % du PIB. Des chiffres qui restent ridicules face aux enjeux humanitaires.
Dans son discours d'ouverture, le président du Conseil mondial de l'eau, le Français Loïc Fauchon, a lancé une mise en garde contre le gaspillage dans le contexte actuel du réchauffement climatique et de la crise économique.
« Nous sommes responsables des agressions commises contre l'eau, responsables de ces évolutions du climat qui viennent s'ajouter aux changements globaux, responsables des tensions qui réduisent la disponibilité des masses d'eau douce indispensables à la survie de l'humanité », a-t-il déclaré.