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Le déçu des cartes

Publié le 17 mars 2009 par Cyrilboyer
Où fidélité et exclusivité sont deux notions assez éloignées... Luxembourg perd son exotisme. Qui était déjà assez relatif, je l’accorde. Ce n’est pas que la place financière ait décidé d’abandonner le secret bancaire, ni que notre vénéré Grand Duc ait abdiqué en faveur d’un président démocratiquement élu. Non. C’est pire.
Il n’y a plus, il n’y aura jamais plus, de timbres dans les supermarchés Cactus. Le distributeur luxembourgeois vient de lancer une carte de fidélité. Oui, comme un vulgaire magasin de vêtements, comme n’importe quelle grande surface belge ou française. On achète, on passe à la caisse, on donne sa carte, on est crédité de points qui donneront droit à des rabais et, peut-être tout espoir n’est-il pas définitivement perdu, à des assiettes Villeroy et Boch.
Moi, j’aimais bien les timbres Cactus.
Déjà, parce que tu ne savais jamais si tu allais arriver à remplir ta fiche avec les 75 timbres pour avoir droit à la scie à pain ou si tu devrais t’arrêter à 50 et te contenter d’un épluche patates. Ca mettait un peu de suspense dans ta vie. Comme un fou, tu pariais que tu y arriverais et, juste la veille de l’échéance de l’opération, qui durait en général 3 à 6 mois, alors que tu hésitais à acheter une soixantaine de paquets de lessive pour compléter ta collection, madame Josy, la caissière la plus sympa de la Belle Etoile, te refilait les 18 timbres négligés par le frontalier qui te précédait. Victoire. Tu pouvais même choisir le lot de 6 couteaux à steak, qui viendraient compléter ton intérieur déjà plutôt dépareillé (deux serviettes et un peignoir de 2005, trois sous-tasses de 2007, une casserole et une poêle de 2008).
Je trouve aussi cela déplorable parce que je déteste les cartes de fidélité. C’est le meilleur moyen de boursoufler un portefeuille et de déformer des poches de veste. Tout ça pour fliquer les consommateurs et connaître leurs habitudes d’achat. Alors qu’avec les timbres, l’action semblait plus désintéressée. Ils avaient le charme suranné des points Poulain ou Artis Historia, et prolongeaient le plaisir en disparaissant pendant des mois dans des endroits plus ou moins improbables : du sac de courses à la poche de pantalon, en passant par le cendrier de la voiture et la mallette de l’ordinateur portable. Un carnaval de confettis, j’en emmène jusque mon lit, comme disait l’autre.

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