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En cage - Kalisha Buckhanon

Publié le 18 mars 2009 par Clarabel

en_cageJ'ai pour habitude de choisir mes livres au hasard, de ne pas connaître l'histoire et de ne pas lire la quatrième de couverture. Je laisse place au petit bonheur la chance, je ne juge pas forcément sur la couverture, car pour cette fois c'est un peu loupé, mais je m'en remets à la magie de la première phrase. Ici : « Baby, la première chose qu'il faut que je sache, c'est si tu crois que j'ai tué mon père. » Oh ? Je ne sais pas vous, mais moi cela m'a plu !  Et j'ai voulu en savoir plus.
Ecrit sous forme épistolaire, ce premier roman de Kalisha Buckhanon raconte une histoire d'amour entre deux adolescents de Harlem. L'histoire débute en janvier 1990, Antonio vient d'être incarcéré pour le meurtre de son père. Sa petite amie Natasha lui répond en lui jurant son attachement profond et indéfectible. Leurs premiers échanges se résument ainsi, de longues tirades enflammées, des promesses, de l'espoir et la confiance en la justice, car Antonio plaide des circonstances atténuantes (son père battait sa mère). De son côté, Natasha continue sa routine, dans un foyer où ce n'est pas rose tous les jours (son père est mort dans un incendie, et son beau-père n'est qu'un imbécile à l'esprit étriqué). En plus, elle est montrée du doigt, c'est la petite copine du mec en taule, à Harlem la tendresse n'a pas droit de cité.
Pourtant, ce n'est pas moche, pas pénible, pas gonflant à lire. Certes, l'argot roule des mécaniques, mais en toute logique, car nos deux amoureux n'ont jamais quitté New York, ils ont poussé à l'ombre des blocs de ciment et des tags sur les murs, dans un quartier-ghetto livré à lui-même. C'est pour eux la routine, cependant ce n'est pas une raison de baisser les bras. Avec cette tuile qui leur arrive, Antonio et Natasha prennent conscience qu'il faut se battre pour décrocher une étoile. Chacun de leur côté, ils vont foncer : Antonio reprend ses études et n'a plus honte d'afficher son amour des livres, Natasha s'est inscrite dans un programme spécial, qui lui offrira l'opportunité d'aller à Paris, puis de s'inscrire en fac.
Le temps passe, les émotions grandissent, les sentiments aussi. Antonio et Natasha deviennent des jeunes adultes, et sans le vouloir, ils n'ont plus les mêmes envies, les mêmes attentes. « Maintenant je sais que là, dehors, à distance d'avion, l'univers est immense et moi je veux le voir. » déclare Natasha, qui a besoin d'air. La correspondance va s'étendre sur dix ans, avec des hauts et des bas. Leur amour va-t-il résister à toutes les épreuves ? 
J'ai été heureuse de découvrir ce roman, surprenant d'authenticité. Il se lit d'une traite, il ne mâche pas ses mots, et la fin est belle, pas du tout mielleuse. Ce n'est pas un conte de fées, c'est même poignant parce que certaines vérités éclatent au bout de dix ans, et c'est là qu'on prend la mesure du sacrifice, de la vie qui joue des tours. Et puis le titre, "En Cage", peut avoir plusieurs significations. Enfin c'est bouleversant, ça vous prend aux tripes et cela va rester une lecture qui comptera beaucoup !

NB : les Editions du rouergue vous livrent les premières pages du livre, au format PDF   

Rouergue, coll. doAdo Monde, 2009 - 252 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Elodie Leplat


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