France - Lors d’un récent colloque sur l’alimentation et le pouvoir d’achat à Lyon, plusieurs intervenants ont réagi sur la capacité d’une crise à changer les comportements alimentaires par souci financier.
La crise fait réduire les dépenses alimentaires. Selon l’économiste Pascale Hebel, du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), le panier d’achats est débarrassé des superflus, produits "tout faits", alcools, poissons ou crustacés. Les produits laitiers et les surgelés restent, eux, très présents. La crise ramène au fondamental, cuisiner soi-même parce que cela coûte moins cher, est plus convivial et meilleur pour la santé.
Le sociologue Denis Muzet voit ce retour au "fait maison" comme un refuge contre l’anxiété générée par la crise. Faire soi-même signifie prendre soin de soi et des autres, ce qui a pour effet de "valoriser la qualité, signe de respect de soi, plutôt que la quantité de produits". Alors le consommateur cherche l’humanité et l’économie dans la façon de faire ses courses. Lieux de vente à échelle humaine, produits plus économiques, disparition du superflu dans le panier mais conservation des produits essentiels, comme les produits laitiers qui sont un repère rassurant et nourricier. La consommation devient sensée, tournée vers les autres par l’achat solidaire.
Le Pr Drewnowski insiste absolument sur le fait que récession économique ne veut pas dire récession nutritionnelle. L’équilibre nutritionnel peut se faire même à bas prix. Les chercheurs ont développé des techniques pour identifier les aliments en fonction de leur impact nutritionnel et de leur prix. C’est le cas des œufs, des légumes secs, du lait et de la viande hachée. Il est donc possible de manger sain pour peu cher.
La diététicienne Danièle Colin conclut qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un porte-monnaie bien rempli pour bien manger. Et selon elle, cela ne signifie pas non plus tout cuisiner soi-même.