Le 22 janvier 2009, un collectif de coutumiers a décidé d’interdire la plongée au club Lifou Fun Dive.
Voici un copier/coller des faits :
Historique
Lifou Fun Dive a été ouvert en 1996 par Fred Pierre et Eric Lecoedic. Très vite, malgré l’appui des autorités de la province, ils se heurtent à des exigences importantes des coutumiers. La plongée est interdite plusieurs fois, pour appuyer des demandes importantes :
* versement de 10 % des recettes du club,
* formation et embauche d’un moniteur d’une personne désignée par les coutumiers,
* choix d’une société (Mejine Wetr) contrôlée par des notables locaux comme intermédiaires pour les versements.Ces demandes s’appuient sur le statut de réserves tribales des îles Loyauté et l’absence subséquente de statut foncier et maritime. Cette situation permet aux propriétaires terriens de revendiquer la mer comme leur appartenant jusqu’à l’horizon.
La timidité de l’état de droit aux îles loyauté est l’autre aspect de ces demandes : l’un des moniteurs fondateur de Fun Dive fut accueilli au ponton de Easo par certain petit chef, fusil en main. Un coup de feu fut tiré, en l’air certes, mais cela donne une idée des modes de discussion.Après tractations, un accord fut conclu aux alentours des années 2000, qui impliquait l’installation du club sur le terrain d’un propriétaire terrien avec un loyer conséquent (1,8 MF par an), l’embauche et l’engagement de former deux locaux désignés par les coutumiers.
À l’origine, ces embauches était aidées par un dispositif d’aide à l’emploi provincial.
Comme c’est l’usage pour la totalité des décisions concernant l’emploi local, elles étaient cogérées avec le propriétaire terrien et le chef de la tribu de rattachement.Depuis les aides ont disparu, et le tourisme n’a pas connu le développement escompté. L’un des employés locaux s’est révélé inapte aux formations auquel il était destiné. Alourdi de charges fixes surdimensionnées, le club à toujours peiné à conserver son encadrement (4 gérants, 6 directeurs techniques successifs en 7 ans) et à maintenir son matériel à niveau.
De plus, il y’a 3 ans, la tribu du sud de la baie a interdit la plongée sur ses sites. Cette interdiction fait partie d’une diminution globale de la tolérance de la population de Lifou (du moins d’une partie d’entre elle) vis à vis du tourisme : fermeture de la plupart des randonnées libres, de sites de shnorkelling, des lieux de pêche, des mises à l’eau. Les visiteurs sont cantonnés dans un certain nombre de lieux de plus en limités : terrain des hôtels/gîtes, plages attenantes, partie bitumée des routes.
Le tourisme en souffre, et les rentrées du club ont été fortement touchées avec une baisse de près de 20 % ces trois dernières années.
En Octobre 2007, la trésorerie du club est passée lourdement dans le rouge et le résultat de 2007 à été une perte de 1,8 MF.Face à la menace d’une cessation de paiement, à l’état médiocre du matériel, il fallut “restructurer”, c’est à dire réduire le personnel local et demander au personnel restant de tendre vers un niveau de productivité plus “classique”.
Génése du blocageComme prévu, le propriétaire terrien et le petit chef de la tribu de Easo sont consultés pour décider du poste à supprimer. Le choix sera de conserver le marin membre de la tribu, et de licencier le marin “étranger”, c’est à dire venant d’une tribu plus au sud de l’île.
Professionnellement, c’est un choix malheureux, car il s’agit de se séparer de la personne la plus qualifiée (Dive Master, Permis de Conduire les navires de transport, Permis B) et la plus travailleuse au bénéfice d’un marin ayant de sérieux problème d’alcool et de comportement et s’étant révélé inapte à toute formation.
Au cours de l’année suivante, les problèmes posés par ce dernier marin vont en s’aggravant :
* menaces de mort contre la fille de 12 ans d’un moniteur
* plongée en solo et refus d’assurer la surveillance surface
* menaces de mort contre une directrice de plongée, tentative de forcer la porte de sa maison, où elle s’était réfugiée
* tentatives de dégrader du matériel de sécurité sur les bateaux du club avec un groupe de plusieurs personnes avinées.Une réunion est provoquée avec le petit chef de Easo et le propriétaire terrien afin de donner un dernier avertissement, oral et ecrit.
Malgré cela, les problèmes continueront, exigeant tantôt l’intervention du petit chef de Easo, tantôt celle de la gendarmerie. Au cours de ces interventions, le petit chef de Easo me donnera une définition saisissante de l’emploi local :
“ce garçon n’est pas assez intelligent pour travailler à Nouméa, pas assez courageux pour travailler aux champs, alors il vaut mieux qu’il reste à Fun Dive”.Les choses iront mal ainsi jusqu’au 16/12/08. Ce jour là, le marin doit assurer le suivi d’une plongée dérivante. Après le départ de la palanquée, au lieu de suivre les bulles, il estime le point de sortie et mouille le bateau. Puis il s’endort.
À la fin de la plongée, le moniteur constate que le bateau est immobile à plusieurs centaines de mètres de la palanquée. Il appelle, sans succés, puis se résout à abandonner sa palanquée, son matérriel et à rejoindre le bateau à la nage. Là il trouve notre marin en train de dormir au fond du bateau.Décidant que le niveau d’insecurité dépasse largement les limites, je reprends contact avec le propriétaire terrien et le petit chef de Easo. Ils conviennent que la faute est grave et qu’il faut trouver un remplaçant sûr et sobre. Nous convenons que le petit chef de Easo cherchera un remplaçant en accord avec les tribus du nord où nous plongeons.
Finalement, aucun remplaçant ne sera proposé : un collectif bloquera le centre en exigeant la ré-intégration du marin, la remise gratuite de 20 à 50 % des actions du club.
La Province des îles Loyauté, le porte parole du grand chef, la Société de développement des îles loyauté, interviendront pour négocier une solution.
Au bout de 6 semaines, nous constatons que malgré l’intervention forte des responsables économiques de la province, l’exigence de réintégrer le marin dangereux est toujours posée.Dans cette situation, les actionnaires décident qu’il est définitivement impossible d’assurer la sécurité physique des employés et clients qui passeraient par Lifou et qu’il n’y a plus lieu de maintenir une entreprise sur Lifou.
Je comprend parfaitement la décision du club qui a été prise, je comprend bien moins celle de mettre une personne incompétente a un poste a responsabilité et qui peut être un danger pour la vie d’autrui surtout dans le domaine de la plongée, c’est grave.
A savoir également que c’était le seul club de plongée sur Lifou … on m’a parlé d’un club associatif, d’autres infos ?