Mais, comme il faudrait des
livres entiers pour dire tout ce qu’il y aurait à dire sur ces différentes
espèces de créatures, et qu’un homme ignorant comme moi serait incapable d’une
si grande entreprise, je crois qu’il vaut mieux que, pour obéir aux véritables
serviteurs de Dieu, dont la tendre piété me fait violence et dont le zèle et la
bonne volonté me pressent, je me borne et m’arrête aux choses qui peuvent
servir à l’édification de leurs âmes ; que, quelque incapable que je doive me
reconnaître, je prenne la plume de leurs mains, et que, la trempant avec
simplicité dans l’humble soumission à leurs vœux prononcés, j’aie lieu, malgré
mon impuissance et mon incapacité, d’espérer et de recevoir de mon obéissance
quelques grâces et quelques lumières, afin que, traçant sur un papier d’une
admirable blancheur les règles d’une vie sainte et pure, je les trace aussi
dans leurs cœurs bien préparés et saintement purifiés, que je les écrive sur
des cahiers mystérieux et vivants. C’est de cette manière et dans ces
dispositions que je vais commencer.
saint Jean Climaque : L'Échelle sainte