Eden à l’ouest (Eden is west)
De Costa-Gavras, avec Riccardo Scamarcio, Eric Caravaca, Ulrich Tukur
Sorti le 11/02/09
Actuellement au Saint-Lambert, Paris 15è
Passé maître dans le genre du film politique dans les années 70/80 (1969 : Z, 1970 : L’aveu, 1973 : Etat de siège, 1982 : Missing, 1983 : Hanna K), Costa-Gavras a fait d’autres films depuis, dont on retiendra surtout Mad City (1997) et Amen (2002). Mais le réalisateur grec venu à Paris à 18 ans n’a pas pour autant perdu la main, loin de là. Agé de 76 ans, il signe avec Eden à l’ouest son film le plus personnel : « Je me reconnais dans Elias, cet étranger qui ne m'est pas étranger … ». Le récit commence d’ailleurs véritablement en Grèce pour finir à Paris.
En pleine mer Egée, un bateau transportant des clandestins est arrêté par la police. Elias s’échappe et parvient à atteindre la plage de l’Eden, club de vacances pour Européens de l’Ouest. Rêvant de rejoindre Paris, il va parcourir l’Europe, aidé (mais aussi trompé) par sa jeunesse, son physique, sa naïveté et le fait qu’il voyage seul.
Plus qu’un film sur l’immigration, il s’agit d’une odyssée moderne, avec un personnage incarnant les rapports de notre société face à ses étrangers : le rejet, la peur, mais aussi la solidarité. On en apprend beaucoup sur les conditions de vie, les espoirs déçus et les nombreuses désillusions des êtres humains qui ont eu la « chance » d’aller plus loin que Lampedusa et autres terres d’accueil des immigrés clandestins. Elias est un héros moderne, sans pays mais éternel voyageur, voulant rejoindre la plus belle ville du monde « que chaque errant voit briller au plus profond de ses rêves dans son sommeil incertain », dit Costa-Gavras. Car Elias n’est pas un immigré en particulier, il est l’Immigré avec un grand I, on ne sait pas d’où il vient, on ne sait rien de lui et il parle peu.
Si ce n’est pour dire « Paris, Paris ... »