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Beigbeder et Nelson (Melody, pas l’Amiral)

Publié le 02 mars 2009 par Jul

Beigbeder et Nelson (Melody, pas l’Amiral)

Frédéric Beigbeder, Au secours pardon (2007)


Rescapé du sabotage de 99 francs, Octave is back ! Et il est bien décidé à dénicher la plus belle fille du monde, qui se situe quelque part entre Moscou et Saint-Pét’.

Elle peut difficilement être ailleurs : si l’URSS a détruit toutes les vieilles fortunes du temps des tsars, la Russie moderne a favorisé l’ascension des nouveaux riches, ceux qui achètent Chelsea FC, passent leur vie entre Courchevel, Rublovka et Antibes, s’entourent de filles de 15 ans (13 dernière limite, en dessous elles ont vraiment l’air trop jeunes), et deviennent les parents de fils-à-papa qui profitent d’être jeunes dans les night-clubs RnB (= Rich and Beautiful) qui ont poussé comme des champignons autour des statues de Lénine et Dostoïevski. Qui dit pays comportant le plus grand nombre de milliardaires au monde dit par conséquent pays offrant la plus grande probabilité de trouver de très belles filles.

Octave est à peine sorti de prison et on l’a envoyé en exil en Russie pour le compte de L’Idéal, leader mondial dans la cosmétique, qui veut se débarrasser d’une ambassadrice désormais trop vieille (traduction = elle a plus de 20 ans) ; il vient d’avoir ses 40 ans qu’il n’a pas fêtés et arpente le pays mal coiffé, en baskets et pull moulant Zadig et Voltaire, divorcé de sa deuxième femme parce qu’elle avait le même âge que lui. Octave n’a rien contre le fait de vieillir mais préfère le laisser aux autres : accepter de vieillir c’est bon pour ceux qui ne sont pas au pouvoir. Après la publicité, le voilà donc propulsé dans la mode, au cœur d’un nouveau système déshumanisé qui confond mannequins et mouchoirs en papier. Il n’y a que Kate Moss qui soit capable de relancer sa carrière grâce à la coke.

Après une série d’échecs, Octave échoue dans une église dont il connaît le pope, et là, ô miracle ! ce dernier va le lancer sur la piste de la fille d’une fidèle. Lena Doytcheva, 13 ans, attend sagement le retour de Vitaly, et évidemment Octave va tomber amoureux fou de la gamine ingénue. Vous devinez la suite ! Frédéric lui aussi doit être tombé amoureux de Lena puisqu’elle lui sert de prétexte pour changer radicalement de style et se transformer en poète pour celle qui incarne la perfection contemporaine. Et ça lui va plutôt bien : Nabokov et Serge Gainsbourg n’auraient pas fait mieux. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Et Octave, après avoir perdu sa Lolita, retourne chez le prêtre et Beigbeder à son style habituel. On ne vous dira pas la fin pour autant ...

Beigbeder et Nelson (Melody, pas l’Amiral)

Toujours contradictoire avec lui-même, toujours fidèle à lui-même, toujours aussi pessimiste vis-à-vis de ce qu’il peut rester d’humain chez l’homme du 21ème siècle, non pardon : du consommateur du 21ème siècle, toujours aussi chroniqueur mondain – pilier solide des nuits parisiennes les plus huppées – chouchou de Saint Germain des Prés – bourgeois de Neuilly devenu un écrivain sous ecstasy, Frédéric écrit peut-être avec les pieds et est peut-être à la mode mais ce qu’il dit n’est pas toujours nul. D’une part il n’est ni Hugo ni Baudelaire mais Gainsbourg ne l’était pas non plus. D’autre part Au secours pardon pourrait avoir pour titre Splendeurs et misères des courtisanes nées après la chute du Mur. On ne peut pas être sur-con quand on a été dans la promo Sciences-Po 86. Quoique, comme dirait Anne Roumanoff … Non, je dérive.




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