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Grand-Paris, l’Etat reprend la main !

Publié le 19 mars 2009 par Jean-Paul Chapon

Mardi 17 mars, présentation des travaux des dix équipes d’architectes et urbanistes du concours lancé par Nicolas Sarkozy en 2007, le Grand Pari de l’agglomération parisienne. Journée « formidable et passionnante » comme le répètera à loisir Christine Albanel la ministre de la Culture lors de l’ouverture de cette journée, au succès réel, avec un public de plus de succès avec plus de 2000 participants et 150 journalistes annoncés. Paris est sa banlieue reviendra sur cette journée, mais commence aujourd’hui par sa conclusion, la prestation tant attendue de Christian Blanc. Après avoir relu son discours des journées d’été du MEDEF sur ses rêves pour Paris, le secrétaire d’Etat au développement de la région-capitale a fini par sortir de son mutisme pour tout d’abord s’en prendre à la presse sur son silence et la confusion qui règnerait sur la question du Grand-Paris, et surtout pour annoncer que Nicolas Sarkozy présenterai lui-même le 29 avril Son Grand-Paris à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, à l’occasion de l’inauguration de l’exposition consacrée aux travaux des dix cabinets d’architectes internationaux.

Après la victoire que semblaient avoir remportés le maire de Paris, Bertrand Delanoë avec son syndicat mixte d’études ouvert Paris-Métropole, et Jean-Paul Huchon, le président de la région Ile-de-France, le piège de Nicolas Sarkozy semble se refermer et lui permettre d’emporter la mise. Christian Blanc prend bien soin de caresser Paris-Métropole, et « souligne le caractère positif de la démarche entreprise par le maire de Paris autour de Paris-Métropole, fait urbain majeur », mais ajoute dans la foulée que « le Rapport Balladur a également affirmé ce fait urbain, mais l’a affiné… cela veut dire que c’est en marche, on ne pourra plus rien envisager sans avoir ce fait urbain dans le champ ! » Et Christian Blanc précise que la question du Grand-Paris version Balladur n’est pas reportée sine die. Dans un premier temps examen de ce qui concerne « la France de droit commun », avec projet de loi d’ici l’été, et deuxièmement le Grand-Paris, qui ferait l’objet d’un examen plus tard, en cohérence avec la lettre de mission que le Secrétaire d’Etat avait reçu du Président de la République, de traiter de la gouvernance du Grand-Paris à la fin de 2009. Toutefois précise Christian Blanc, cela ne reste que quelques mois avant les régionales, et on peut s’attendre à ce que cette échéance (celle de la gouvernance) soit repoussée !

Et en attendant, c’est donc un projet tombé du haut que Nicolas Sarkozy pourra présenter dès le 29 avril ! Projet auquel il aurait déjà donné son feu vert. Christian Blanc insiste et donne presque des détails. Tout d’abord il s’agir d’un plan pour les transports avec 130 kilomètres de réseau primaire structurant pour un réseau de transport du XXIème siècle. Puis le maillage, et d’ajouter qu’il faut reprendre les projets du SDRIF et les compléter avec des idées nouvelles. Le coût du projet ? De 15 à 20 milliards d’euros et « nous avons travaillé à un montage financier comme pour le métropolitain du type PPP sur 50 ans… L’Etat prendra toutes ses responsabilités, nous proposerons à la région de participer avec nous à ce projet. » Amusant jeu à feux inversés. Quelques instants auparavant Mireille Ferri avait interpelé Christian Blanc pour savoir si l’Etat jouerait son rôle dans le plan de rattrapage des transports concocté par Jean-Paul Huchon et la région Ile-de-France.

A propos de réseaux, Christian Blanc s’est livré à un étonnant raccourci sur les 3 âges des transports en commun, d’abord l’âge du métro, puis l’âge du RER, et aujourd’hui, l’âge du Maglev comme à Shanghai direz-vous ? Raté, pour Christian Blanc, c’est l’âge du métro automatique comme la ligne 14. Le secrétaire d’Etat ancien PDG de la RATP qui trouve que Métrophérique a 15 ans de retard partagerait-il le même retard ?

Enfin s’il y a un dossier sur lequel Christian Blanc repart au quart de tour, c’est le pilonnage du SDRIF, qui semble être son obsession. Ce qui nous vaut d’assister à une étonnant sortie sur les gisements inconnus de la région parisienne, « des potentiels inédits dont on avait trace nulle part », comme cette « terre inconnue entre le périphérique sud de Paris et Evry d’où sortent 50 à 60 % de la pharmacie française », ne laissant à Mireille Ferri, vice-présidente verte de la région que les couloirs pour s’étrangler de colère à grand renfort d’OIN Seine-Amont, le secrétaire d’Etat au développement de la région-capitale étant seul sur l’estrade pour clôturer cette belle journée, les représentants de la Région et de Paris assis pour l’écouter, l’Etat reprend vraiment la main.

Ce matin on peut lire dans Le Parisien que lors d’une réunion organisée par le CACRPG (Groupe Communiste, alternative citoyenne, républicain et parti de gauche) à Gennevilliers sur les problèmes de la ligne 13 il y avait des inquiétudes sur le prolongement de la ligne 14. « Alors que le STIF semble sur le point d’entériner le prolongement de la ligne 14 depuis Saint-Lazare jusqu’à Mairie-de-Saint-Ouen pour alléger la ligne 13, les obstacles se multiplient sur son chemin. L’Etat n’a toujours pas accepté de financer les 6 milliards d’euros nécessaire au projet. Pis, le plan de transports de Christian Blanc pour le Grand-Paris risque de tout remettre en question. Celui-ci propose en effet le prolongement de la ligne 14 vers l’aéroport de Roissy, en passant par Saint-Denis ». Sans commentaire, et gageons que Paris-Métropole saura répondre à leur inquiétude.

Bref, la gauche a raté l’occasion d’être le moteur de la construction d’un Grand-Paris démocratique et laisse à Nicolas Sarkozy les clés d’un Grand-Paris imposé d’en haut, mais tout n’est pas perdu, elle pourra profiter du temps qui lui semble octroyé pour faire des études, chères études ;-)

à suivre…

Jean-Paul Chapon


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