Mesdames, Messieurs les Directeurs d'Ecoles internes,
Chers Collègues,
C'est pour moi un réel plaisir d'être parmi vous aujourd'hui, à Lyon, à l'ISTIL dont je salue le directeur Joseph LIETO pour ces 10èmes rencontres des écoles internes aux Universités. Le thème que vous avez choisi de développer, « les exigences de la performance », pose un ensemble de questions dont j'essaierai d'apporter quelques éclairages. Mais avant tout, vous me permettrez de rendre un hommage appuyé à l'instigateur de ces rencontres. Je veux bien entendu parler de Gérard Noyel qui organisa voici 10 ans la première édition de ces journées. J'ai fait la connaissance de Gérard il y a 7 ans en rentrant à la Commission Permanente de la CDEFI. Il en est devenu le second vice-président sous le mandat de Jean Dorey, fonction qu'il a continué à occuper quand je suis devenu premier vice président. Puis nous avons tous pris du galon en même temps que la CDEFI prenait son indépendance grâce à la LRU. Je dois dire que dans tout ce parcours, Gérard a été un collègue remarquable par ses qualités de loyauté, de pragmatisme, de dévouement à la cause des Écoles d'Ingénieurs, en général et des Écoles internes en particulier. Son bon sens a toujours fait merveille dans nos discussions de Bureau quelque fois enflammées, mais toujours passionnées. Il a constamment illustré l'adage selon lequel « ce qui nous rapproche, l'ingénierie, est bien plus fort que ce qui nous sépare, nos différents statuts ». Cette nouvelle vision, ce nouveau périmètre de la CDEFI est une richesse que nous devons sans doute encore mieux exploiter. Gérard a été également un excellent directeur d'École, il l'a fait notablement progressé. Pour toutes ces raisons et sans doute pour bien d'autres mon cher Gérard un grand merci !
Mes chers collègues, nous vivons une époque formidable, une période fort intéressante et très contrastée. Ceci dans la mesure où, tous les jours, il se passe quelques chose. Vous avez aimé la LRU, vous aller adorer ses décrets d'applications ! Vous étiez sous doté avec San Rémo, rassurez-vous, vous serez sur doté avec Sympa (à moins que cela ne soit l'inverse) ! Vous aller recevoir des moyens supplémentaires très importants (à un niveau rarement atteint) et vous rendrez des postes !
Bref au-delà de l'effet facile, force est de constater qu'on a un peu de mal à suivre. Dans cette « tourmente », qu'est-ce qu'a fait la CDEFI ? En ce qui concerne la LRU, vous savez que nous nous sommes battus pour que l'autonomie ne soit pas réservée aux seules universités, mais que les écoles indépendantes sous tutelle du MESR puissent également en bénéficier. Nous avons dès le départ critiqué fermement le mode de gouvernance instauré en dénonçant l'effet potentiellement néfaste qu'il pourrait avoir sur les écoles internes. Nous sommes maintenant rejoints par le comité de suivi de la LRU dans cette critique. Nos collègues des IUT vont mettre en place la notion de « contrat d'objectifs et de moyens », il me semble fondamental d'étendre ce dispositif aux écoles internes. Une grande Université ne peut être bien gérée que si l'ensemble des composantes est responsabilisé. C'est ce que je vis personnellement au jour le jour dans mon établissement qui n'est composé que d'écoles d'ingénieurs. Pour ce qui est de la modification du décret de 1984 sur le statut des enseignants chercheurs, nous avons fait part à la médiatrice nommée par la ministre du risque de dénaturation progressive de son contenu. Nous pensons à cet égard que la gouvernance de proximité des écoles devrait permettre une application raisonnable et
raisonnée de la notion de modulation des services. Dans le courrier que j'ai adressé à la ministre, je reprends ce thème en insistant particulièrement sur son application aux écoles internes.
En ce qui concerne le nouveau système d'attribution des moyens, nous avons là aussi suivi de très près les travaux de la DGES. Michel Mudry a suivi pour la CDEFI l'évolution du modèle et son initialisation. Nous avons, je pense pu éviter les effets dévastateurs d'une initialisation très discutable du modèle. Nous allons nous mobiliser très rapidement pour que ce qui s'est passé cette année ne se renouvelle pas l'année prochaine.
Pour revenir aux thèmes de vos journées, vous avez placé, à juste titre, la notion de performance au cœur de vos réflexions. Je dis à juste titre car je pense que la mise en place de la LRU peut dans certaines Universités entraîner une baisse de performance des écoles internes. Pourquoi ? Je pense très fermement que la qualité de nos écoles tient essentiellement à celle de leurs personnels et de leurs étudiants et à celle de leur gouvernance. En ce qui concerne les étudiants, rien n'est remis en cause, constatons simplement que l'Etat n'a pas osé franchir le pas d'une sélection à l'entrée de l'Université. Pour ce qui est des personnels, il y a bien entendu un risque potentiel. Encore une fois, il faut réaffirmer haut et fort les bienfaits d'une gouvernance de proximité, qui dans nos écoles, serait en capacité de gérer les questions relatives aux modulations de services, pourvu qu'on en laisse les moyens aux directeurs. Là encore le « contrat d'objectifs et de moyens » pourrait être une réponse adaptée. Les aspects financiers suivent la même logique, la globalisation du budget ainsi que le mode d'attribution des moyens peuvent entraîner, dans certains cas, des pertes de revenus pour les écoles internes. La garantie qu'apporte l'Etat de maintenir le niveau de financement des établissements doit se transmettre aux composantes internes dès lors qu'elles remplissent les objectifs du contrat passé avec l'Université. Avec la GRH et les finances, nous avons abordé deux éléments essentiels des RCE qui concernent très directement les écoles internes et leur capacité à maintenir leurs performances. Les deux autres aspects, la DSI et le patrimoine peuvent se penser de mon point de vue, plus globalement au sein de l'établissement dès lors qu'on leur assigne à eux également des objectifs de performances clairs. Il est un autre aspect où les performances des Ecoles internes peuvent être affectées, c'est celui de l'identité de l'ingénierie. Le rapport Chabbal, que nous avons cocommandité, met en évidence cette identité de l'ingénierie dans l'enseignement supérieur au travers de différents traits caractéristiques. Cette identité est parfois mise à mal en arguant du fait qu'il y a un continuum entre, par exemple, recherche amont (comprendre pour comprendre) et recherche plus appliquée (comprendre pour faire). Et donc, de ce fait, qu'il est inutile de distinguer les deux, et chose plus grave que cette proposition pourrait s'étendre aux formations. Je voudrais m'élever très fermement contre cette assimilation. Pourquoi a-t-on ressenti le besoin au plus haut niveau de créer une Académie des Technologies à coté d'une Académie des Sciences ? Pourquoi les entreprises embauchent plus facilement un ingénieur qu'un docteur ? Ces faits prouvent s'il en était besoin que l'assimilation n'est pas possible. Voici, mes chers collègues, quelques idées lancées dans votre débat, nul doute qu'il y en aura bien d'autres et je suis impatient de les entendre.
Je vous souhaite donc d'excellents et de très productifs échanges, vous y êtes habitués et j'ai pleinement confiance.
Je vous remercie.
Paul Jacquet, Président de la CDEFI