Prisons françaises : ça déborde !

Parce que l’on juge l’état d’un pays à ses hôpitaux et ses prisons, la France ne va pas bien.

Catastrophique, pitoyable, inhumain, les adjectifs qualificatifs sont nombreux pour désigner la situation des prisons en France. 62 700 détenus pour 50 000 places disponibles. Où est la dignité humaine lorsqu’on entasse dans une cellule de 9m2, trois voir quatre personnes avec un coin wc sans séparation ? Certes, les personnes incriminées ne sont pas des « saints » et ont commis des crimes ou délits nécessitant une privation de liberté. Cette privation de liberté doit-elle entraîner pour autant la privation des droits humains ? Les conditions de vie sont telles, que tous les mois des détenus se suicident ou s’automutilent atrocement. Récemment un mineur de 17 ans s’est donné la mort à la prison de Moulins, un détenu de 46 ans s’est pendu à la maison d’arrêt d’Angers. Des actes d’automutilation, d’agression (595 agressions répertoriées contre le personnel, 464 entre détenus en 2008) sont favorisés dans un contexte de surpopulation carcérale où la violence est exacerbée et l’insécurité omniprésente. Comment peut-on alors envisager la réinsertion de ces individus dans une société où ils ont perdu tout repère et toute identité ? C’est une humiliation pour ces citoyens et une honte pour notre démocratie. Le salut viendra-t-il du Sénat ? La Chambre-Haute a examiné début mars un projet de loi pénitentiaire permettant un aménagement des peines, une meilleure insertion avec une proposition phare: l’encellulement individuel. L’encellulement individuel est inscrit au code pénal depuis 1875 mais n’a jamais été mis en œuvre, faute d’espace disponible. L’amélioration des conditions carcérales peut faciliter la réinsertion des détenus et éviter ainsi de les rendre associables et agressifs. Le Sénat a corrigé et adopté en première lecture ce texte qui a été renvoyé à la Commission des Lois de l’Assemblée nationale, la procédure législative va suivre son cours.

Le rôle de la prison est de protéger la société d’individus dangereux et de mettre en œuvre leur réinsertion, pas de les broyer définitivement.