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Abu Dhabi construit sa ville verte

Publié le 19 mars 2009 par Lisa
Désireux de préparer l'après-pétrole, l'émirat arabe Abu Dhabi investit partiellement ses pétrodollars dans les énergies renouvelables. Symbole de cette "euphorie verte", Masdar City, ville en construction entièrement dédiée aux énergies renouvelables, devrait voir le jour en 2016.
Abu Dhabi construit sa ville verte Des images de science-fiction : les véhicules futuristes se croisent sur un réseau de rails aériens, les gigantesques panneaux solaires se déploient intelligemment au gré des rayons du soleil, la lumière transperce chaque recoin des bâtiments vitrés, le tout dans un environnement parsemé de verdure. Et pourtant, ce projet n'a rien d'une fiction : il s'agit du projet de construction, d'ici l'horizon 2016, de la première ville entièrement neutre en émissions de CO² : Masdar City.
Confié en 2005 au cabinet d'architectes londonnien Foster & Partners, le projet est à l'image des objectifs de l'émirat arabe : ambitieux. Et pour cause, Masdar City est destinée à être la vitrine verte d'Abu Dhabi,. Quand les voisins de Dubaï, du Barheïn et du Qatar se disputent le titre des bâtiments les plus hauts du monde, Abu Dhabi s'engage dans une autre compétition : celle de la ville la plus verte. En espérant coiffer la Chine sur le poteau, dont la "cité écolo" Dongtan devrait accueillir ses premiers visiteurs pour l'Exposition Universelle de 2010. Plus restrictive encore que Dongtan, Masdar City  interdira en effet la moindre voiture polluante dans ses rues, dont les deux tiers seront piétonnes.
Le chantier, démarré en février 2008, commence à dévoiler les premières infrastructures. Une centrale photovoltaïque de 100 mégawatts devrait voir le jour dans les prochains mois, pour progressivement atteindre les 500 mégawatts de production. Une usine de désalinisation, alimentée par l'énergie solaire, fournira quant à elle l'eau potable aux futurs 50 000 habitants. Conçus pour minimiser la consommation énergétique, les bâtiments n'excèderont pas les cinq étages de hauteur et seront séparés par des rues étroites, favorisant ainsi la ventilation naturelle. En outre, le volet recherche & développement de Masdar City n'est pas en reste : le centre de recherche et développement, "Masdar Institute", créé en partenariat avec le fameux Massachussets Institute of Technology (MIT), est supposé ouvrir ses premières classes de Master en septembre 2009. Les jeunes diplômés, spécialisés dans les technologies propres, devraient ensuite avoir l'embarras du choix parmi les 1500 entreprises "vertes" attendues dans le quartier d'affaires. Celle que Masdar conçoit comme la "Silicon Valley des technologies propres" sera pour finir ceinturée d'un mur de protection afin de stopper les nuisances sonores de l'aéroport voisin et les vents chauds du désert.
Pour l'heure, 87% de la production de pétrole brut des Emirats Arabes Unis est réalisée par Abu Dhabi (soit 8% de la production de l'OPEP). Et sachant que les réserves de pétrole des Emirats Arabes Unis s'élèvent à 97,8 milliards de barils (5me rang mondial), il est évident qu'Abu Dhabi n'a pourtant pas à craindre l'avenir. Mais l'émirat souhaite engager la marche vers l'après-pétrole. Malgré la baisse du prix du baril, le gouvernement abu-dhabien a réaffirmé fin janvier 2009 son engagement en faveur des énergies propres, garantissant que les énergies renouvelables représenteront au moins 7% de la capacité totale de production du pays dés 2020. Même si cet objectif reste inférieur à celui des européens (20% d'électricité d'origine renouvelable à la même date), Masdar semble déterminé à investir massivement les pétrodollars de l'Emirat, son seul et unique actionnaire, pour le propulser dans les premiers rangs mondiaux des technologies vertes.
Mais ce projet pharanonique a aussi ses revers et ses failles : cette folie des grandeurs a un coût ; si le projet est pour l'heure chiffré à 22 milliards de dollars, il est probable que ce budget soit dépassé.
Par ailleurs, cet engagement environnemental ne s'accompagne pas d'une politique sociale responsable : les conditions de travail des immigrés bangladeshi, indiens et chinois qui travaillent sur le chantier de Masdar City restent comparables à ceux qui bâtissent les hôtels de luxe à Dubaï, avec un salaire mensuel qui ne dépasse pas les 700 dirhams (190 dollars) quand le PIB des Emirats Arabes Unis atteint en 2008 les 55 200 dollars par habitant.
Source : Novethic

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