Je m'voyais déjà

Décidément, l’homme que nous avons porté à la Présidence de notre République se révèlerait irrémédiablement indigne de cette fonction.
Si ce que le Canard enchaîné du 18 mars rapporte est exact, Nicolas Sarkozy aurait déclaré le 13 mars à des visiteurs, à propos de sa visite au Mexique : «chaque fois que je me déplace il y a polémique ». Effectivement, les médias sont, sans doute comme on le leur a recommandé, restés plutôt discrets sur les vacances prises en famille par notre Président, à proximité immédiate dans le temps et l’espace de voyages officiels, tant au Mexique qu’à Megève. Il est vraisemblable qu’il mettra cette proximité sur son sens inné de l’intérêt public, faisant ainsi économiser au pays des frais de voyage. Ce qu’il oublie, c’est que la République n’a pas à lui financer ses vacances personnelles, ni en général, ni surtout dans les circonstances présentes, avec des caisses vides en janvier dernier, encore plus vides aujourd’hui, et une croissance que ses dents aiguisées n’ont pas su ramener. Il dispose d’un salaire tout à fait confortable pour faire face à ses menues dépenses et, lui qui rêve de gérer la France comme une entreprise, je lui signale qu’aucune entreprise ne règle des frais de voyage pour les vacances d’un salarié accompagné de sa famille. Pour d’évidentes raisons de sécurité, il est indispensable qu’il soit transporté en toutes circonstances par la flotte officielle mais l’élégance voudrait qu’il règle les frais correspondants à des déplacements privés sur sa cassette personnelle, ne serait-ce qu’au tarif du voyageur de base.
Là où il démontre qu’il n’a aucune idée de sa situation, c’est quand il ajoute, toujours à supposer que le rapport de notre hebdomadaire soit exact : «quand une vedette du show-biz ou un joueur de foot descend dans un palace, on en fait pas tant d’histoires ». Monsieur Mon Président, votre âge ne vous permet peut-être plus de rayonner dans le football mais si votre rêve est de devenir une star du show-biz, n’hésitez pas ! Vous pouvez bénéficier chez vous d’un «coach » très au fait dans ce domaine. L’objectif des personnes que vous prenez pour références, j’espère non pour modèles, est de connaître la gloire, la célébrité et, parfois accessoirement, de décrocher des contrats mirifiques. Pour ma part, j’avais compris que vous visiez beaucoup plus haut : arracher la France à son conservatisme, au besoin la sauver, et lui rendre son rang glorieux parmi les Nations.
Je comprends maintenant votre amitié pour Johnny, Doc Gynéco et tant d’autres, dont souvent le seul Dieu est l’argent, pour lequel vous venez de vous découvrir de la répugnance.