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Que sont devenus les artisans qui ont travaillé sur les tombes royales de la Vallée des Rois ?

Publié le 16 mars 2009 par Jann @archeologie31
On commence peu à peu à comprendre ce qui est arrivé à l'élite du corps des artisans qui ont travaillé sur les tombes royales de la Vallée des Rois explique Jill Kamil.
Il semble que les travailleurs, ou plus exactement les ouvriers et les artisans, les gens qui ont construit ces tombes royales, depuis environ 1500 avant JC, aient été employés plus tard sur un projet visant à "vider" et "recycler" leur contenu; c'est du moins ce que pense Robb Demaree de l'Université de Leiden.
Un nombre impressionnant de papyrus, ostracas et graffitis ont fourni aux chercheurs des informations détaillées sur la communauté des travailleurs (à Deir Al-Medina) en particulier pendant la période Ramasside et la deuxième la moitié du Nouvel Empire. Mais, en dépit de toutes ces connaissances, on ne savait pas ce qui s'était passé à la fin de cette période, quand les rois de la lignée Ramasside n'étaient plus au pouvoir et que les tombes royales ont cessé d'être construites.
«Maintenant, grâce à une grande partie de textes inédits, nous sommes peu à peu en mesure de comprendre ce qui leur est arrivé», ajoute Robb Demaree.
Avec le temps, les travailleurs ont formé une élite, comme en témoigne le contenu de leurs maisons et leurs tombes de Deir Al-Medina.
Le tombeau de Sennedjem, par exemple, qui a été découvert au début du 20e siècle, montre clairement la grande qualité de vie attendue dans l'au-delà, un mode de vie similaire à celle sur la terre. Lui et sa femme sont représentés vêtus de lin blanc, labourant et récoltant dans une région fertile, avec des divinités protectrices surveillant son sarcophage; d'autres peintures murales montrent le défunt et son épouse, de retour d'un voyage rituel à Abydos. Ces peintures sont parmi les plus belles sur la nécropole. Que sont devenus les artisans qui ont travaillé sur les tombes royales de la Vallée des Rois ?
Le village des ouvriers de Deir Al-Medina est situé au nord du petit temple ptolémaïque.
Depuis le lancement d'une mission archéologique française entre 1922 et 1951, une succession de chercheurs a travaillé sur les masses de données archéologiques et littéraires récupéré dans une grande fosse contenant quelque 40.000 pièces de poterie et de morceaux de papyrus.
Grâce tout ceci, la mission a été en mesure de retracer l'histoire familiale de chacun des habitants du village sur une période de près de trois siècles, ainsi que leurs activités quotidiennes, les cérémonies religieuses, les mariages, la fierté dans leur travail, les textes magiques, et même de leurs antagonismes et jalousies.
"Peu à peu, les chercheurs en sont venus à comprendre ce que c'était que de préparer des tombes royales. Deux chercheurs, Bernard Bruyere et Jaroslav Cerny, nommés par Demaree, ont révélé une rue principale dans une communauté de 500 à 600 personnes; c'est un nombre impressionnant d'éléments sur le travail des ouvriers qui ont été récoltés. Il est quelque peu ironique que nous en sachons plus aujourd'hui sur la vie des ouvriers qui ont construit tombes royales que sur les Pharaons pour lesquels elles ont été construites", précise Demaree.
Les hommes du village étaient tous des artisans qualifiés qui travaillaient dans la Vallée des Rois pendant une dizaine de jours; il dormaient alors dans des abris, dans un col au-dessus du village, jusqu'à ce que leurs travaux prennent fin.
Ils travaillaient dans le cadre d'un système administratif strict, dont le classement se faisait en fonction de leur travail.
Les concepteurs et les scribes étaient classés au plus haut, puis venaient les artistes, les dessinateurs et peintres suivi ensuite par les ouvriers des carrières, les maçons; tout en bas de l'échelle enfin: les porteurs, les ouvriers de terrassement et les préparateurs de mortier.
Le directeur des travaux était en charge de l'ensemble de la communauté ainsi que des différents chefs immédiatement sous son contrôle.
La présence était obligatoire et un travailleur absent avait à se justifier: les excuses écrites, qui ont survécu aux siècles révèlent les motifs les plus courant, comme "visite chez ma belle-mère", "fournitures à chercher d'urgence sur le marché", et "maladie".
Le paiement se faisait chaque mois sous forme de charbon de bois, viande séchée, poisson, pansements, tissus, ainsi que les matériaux pour leur travail.
Avec la mort de Ramsès X et Ramsès XI, le travail dans la Vallée Royale a pris fin.
"Nous le savons parce que leurs tombes ont été laissées en suspens.. Alors, que sont devenus les travailleurs?" demande Demaree. "Nous nous sommes posé cette question car les textes sur la phase finale de l'occupation du village font défauts."
Cependant, grâce à un large recueil de textes inédits d'une période antérieure - à l'époque de Thoutmosis III et d'Hatshepsout - les recherches laborieuses Demaree aboutissent à une certaine surprise.
"Les documents ont révélé que, sous Ramsès IX, n'étant plus en sécurité dans le village, la communauté s'est réfugiée près du temple de Deir Al-Bahari, où ils ont créé des tombes pour les prêtres d'Amon. De l'élite au pouvoir semble avoir reçu l'ordre de vider les tombes royales et de recycler les objets. Demaree donne ainsi plusieurs exemples de "la ré-utilisation de cercueils royaux que les anciens travailleurs avaient créé pour les rois Ramasside".
Source:

  • Al Ahram: What happened to Pharaoh's workers ?

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