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La vraie déclaration de Benoît XVI sur la distribution de préservatifs

Publié le 20 mars 2009 par Francisrichard @francisrichard

La vraie déclaration de Benoît XVI sur la distribution de préservatifs Jean Ferré, le regretté fondateur - avec Serge de Beketch - de Radio Courtoisie  ( ici ) aimait à répéter  :
"Un texte sans contexte est un texte con".
Cette phrase m'est restée. Et, quand je cite quelqu'un, j'essaie toujours de situer la citation que je fais dans son contexte, autant que faire se peut. Cela me semble être une simple question d'honnêteté intellectuelle.
Dans l'avion qui l'emportait mardi 17 mars après-midi vers le Cameroun, le Pape Benoît XVI a fait une déclaration. Les journalistes, que seules les petites phrases intéressent et qui se soucient comme d'une guigne de la vérité, n'ont retenu des propos du Pape que deux phrases approximativement reproduites et, surtout, isolées de leur contexte :
"On ne peut pas régler le problème du sida avec la distribution de préservatifs" 

"Au contraire leur utilisation aggrave le problème
C'est ainsi que se comporte Philippe Dumartheray dans La Tribune de Genève ici, qui rapporte, entre autres, avec jouissance, ce commentaire assassin de Daniel Cohn-Bendit :

"C'est presque du meurtre prémédité. Il y en a assez avec ce pape !"
A l'heure d'Internet il est facile de se renseigner. Ce qu'a vraiment dit le Pape sur la distribution de préservatifs (l' image de l'objet ci-dessus est reprise du site ici de M6info.fr ) se trouve très facilement sur le site de l'agence de presse Zenit  (ici ) et a été publié avant que Philippe Dumartheray ne publie son propre article.
Pour des questions de droits de reproduction, il ne m'est pas possible de reproduire tout le texte. Je citerai cependant le passage essentiel, laissant à l'internaute le soin de se reporter, pour un contexte plus large, à la source indiquée :
"Si on n'y met pas l'âme, si on n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l'un avec l'autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements  personnels, à être proches de ceux qui souffrent."
Dans son article Philippe Dumartheray laisse entendre - ce qui est criminel pour le coup - que le préservatif est la seule prévention possible contre le sida et que ne pas le mettre lors de relations sexuelles peut être mortel. Le Pape serait donc criminel d'encourager les Africains à ne pas utiliser de préservatif. Comme on vient de le lire, ce n'est pas ce qu'a dit le Pape.
Le Pape répète - ce que l'Eglise a toujours dit, et qu'elle dira toujours - que la sexualité ne peut pas être déconnectée de la spiritualité et de l'amour. Autrement dit que la seule et égoïste satisfaction sexuelle ne peut qu'engendrer des désordres et empêcher le plein épanouissement des hommes et des femmes. Ce n'est pas une nouveauté. C'est pourquoi l'Eglise a toujours prôné la fidélité et la monogamie, qui restent selon elle, en l'occurrence, la meilleure des préventions contre le sida.  
A ce propos le Christ n'y va pas avec le dos de la cuiller. Il n'est pas venu abolir la loi, il est venu l'accomplir (Matthieu 5, versets 27 et 28) - et comment ! - :
"Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : tu ne commettras point d'adultère. Mais moi je vous dis que quiconque aura regardé une femme pour la convoiter, a commis déjà l'adultère dans son coeur"
Plus loin Il en rajoute une couche (versets 31 et 32) :
"Il a été dit aussi : Quiconque renvoie sa femme, qu'il lui donne un acte de répudiation. Et moi je vous dis que quiconque renvoie sa femme hors le cas d'adultère, la rend adultère: et quiconque épouse une femme renvoyée, commet un adultère"
Il faut reconnaître que ce n'est pas très XXIème siècle : en ce siècle il serait même recommandé de baiser tout ce qui bouge, à condition de mettre une protection...
Aux yeux de l'Eglise, le préservatif - qui n'est pas, loin de là, fiable à 100% - n'est donc pas la meilleure prévention contre le sida. Utilisé d'abord comme moyen de contraception, puis comme protection contre les maladies sexuellement transmissibles, dont le sida est la plus redoutable, il a le fâcheux inconvénient de faire croire à l'utilisateur qu'il peut échapper sans risques aux conséquences de son vagabondage sexuel. Cela peut l'encourager, à tort, à persévérer dans cette voie risquée.
Le Pape dit donc en substance - en termes moins directs bien sûr :
"Vous n'êtes pas obligés de céder à toutes vos pulsions sexuelles et à toutes leurs dérives. Si vous le faites, vous augmentez vos risques. Le préservatif peut toujours vous lâcher, être déficient. Tandis que si vous êtes fidèles l'un à l'autre, entre époux, le risque par contamination sexuelle du moins sera nul."
L'autre volet de la déclaration du Pape, qui a été occulté généreusement par les média, est l'aide à apporter aux Africains pour soigner les malades en grand nombre atteints par le sida et les accompagner spirituellement et humainement dans leurs souffrances. Compte tenu de la gravité de la situation, le Pape a d'ailleurs demandé aux entreprises pharmaceutiques la gratuité des thérapies.
Le père Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, ( ici ) a rappelé opportunément le 18 mars que :
"25% des structures s'occupant des malades du sida sont catholiques. Il faudrait aussi mentionner toutes les structures s'occupant des enfants nés séropositifs et spécialement des orphelins du sida".
Cela n'intéresse évidemment pas Philippe Dumartheray et ses semblables...

Alors on peut ne pas être d'accord avec la morale prônée par l'Eglise, ou avoir du mal à la respecter - dans ce cas, pourquoi ne pas mettre un préservatif ? cependant, c'est sans garantie -, mais dire qu'elle est criminelle c'est de la désinformation pure. L'Eglise ne demande pas de ne pas utiliser de préservatifs, elle demande d'avoir un comportement sexuel conforme à son enseignement, ce qui permet de s'affranchir de cette protection à risques.
Francis Richard


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