Magazine

Pape, polémique en latex et cohérence

Publié le 20 mars 2009 par H16

Dans un précédent billet, j'avais déjà noté l'étonnante faculté des anticléricaux de base à produire de la polémique à peu de frais dès que le Pape se pointait chez nous. Avec les récents événements dans lesquels l'Eglise aura joué un rôle central, la polémique passe sans tarder du carton au ... latex.

Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que je m'étais tâté (ici, là et un peu là mais pas trop, ça me fait tout chose parfois) pour aborder ou pas le sujet des déclarations papales sur le préservatif, mais l'existence de billets comme celui de Maître Eolas ou celui de Criticus m'aura permis de botter en touche ; je me vois mal risquer quelques vannes plus ou moins bien venues pour n'apporter rien de nouveau et faire moins bien qu'eux : leurs arguments sont décisifs et leurs remarques pertinentes.
J'allais donc, calmement, me réduire à un simple commentaire d'actualité sur l'extraordinaire gonflement mérdiatique observé quand, cherchant un peu de matière, je tombais, bouche bée, sur ... ça .
Consternant, ahurissant, affligeant, atterrant, déplorable, lamentable, navrant sont quelques uns des adjectifs qui me viennent alors à l'esprit quand je découvre la "pétition" de Gilles Leroy. En physique, l'inverse de la sublimation - qui consiste à passer du solide au gaz sans passer par le liquide - s'appelle la déposition. Et ici, pas de doute, nous assistons à une déposition physique, c'est à dire au passage du concept gazeux de stupidité ambiante à une cristallisation instantanée sous forme de connerie solide dans cet article. A mes adjectifs, je peux donc ajouter "stupéfiant" (qui est d'ailleurs l'appellation exacte de ce que notre Gilles Leroy aura dû fumer pour produire pareil étron).
La situation est en effet la suivante : suite à une déclaration du Pape, une polémique a déjà pas mal enflé, dans les médias et sur internet. A la base de la polémique, cette phrase : On ne peut pas résoudre le problème du SIDA avec la distribution de préservatifs ; au contraire elle aggrave le problème.
Eh oui : le pape Benoît XVI, comme d'ailleurs son prédécesseur, et comme l'Eglise en général, estime que l'abstinence, la chasteté ou la fidélité doivent primer sur le port du préservatif. On doit admettre que la nouvelle casse des briques : le pape serait donc (shock & awe) pour la perpétuation d'un message que l'Église tient, grosso modo, depuis quelques siècles, et - franchement, quel toupet ! - entendait rappeler qu'en n'allant pas fricoter à droite et à gauche, on diminuait drastiquement ses risques de choper la chtouille. C'est vraiment de l'inédit, du scoop, du Qui Mérite Une Polémique, ça ! De là à noter que ceux qui n'ont aucune relation sexuelle ne chopent pas de MST, il n'y a qu'un pas qu'on ne franchira pas - ouf ! - tant l'horreur d'une telle évidence est indicible.
On peut d'ailleurs se demander exactement ce qui se serait passé si le pape avait déclaré, goguenard : "Franchement, le plastique, c'est fantastique et le caoutchouc, super doux ! L'essayer, c'est l'adopter !" ... Je doute en effet que ceci aurait déclenché un aussi vaste raz-de-marée de déclarations enfiévrées, mais aurait durablement sapé la crédibilité de l'Eglise qui s'évertue (toujours depuis quelques siècles) à conserver une certaine cohérence. Dans notre société bien plus habituée aux revirements de vestes politocardes, à la couille-mollisation et aux compromis mous qu'aux positions fermes et durables, cette cohérence a effectivement de quoi choquer les âmes sensibles.

Bref : comme lorsqu'il s'agit d'Eglise dans notre beau pays où l'athéisme est depuis bien longtemps passé d'une saine indifférence pour les croyances des autres à une véritable propagande pour lutter contre toute position religieuse, la polémique aura bien vite fleuri pour arriver à ce machin gluant où les propos initiaux sont oubliés et où l'on en arrive, merci Gilles Leroy Écrivain / Prix Goncourt / Pétitionnaire, à ceci :

Certes, le chef de l'Eglise catholique est dans sa sphère lorsqu'il exhorte à la fidélité et à la chasteté. Son prédécesseur ne prônait pas autre chose. Pour autant, jamais Jean-Paul II n'est parti en guerre contre le préservatif. Que signifie alors cette croisade ?


Pour notre puissant penseur, le message papal serait donc une guerre ouverte, que dis-je, une croisade, contre l'appendice en latex. Diantre.
Cependant, quand on lit la déclaration de Benoît XVI, et lorsqu'on est un minimum honnête, on peut comprendre : "Le préservatif cautionne, par le sentiment de sécurité qu'il donne, une pratique qui aggrave le problème de pandémie." Et quand on sait que le préservatif n'est efficace qu'à 85% contre la transmission du virus du VIH, on ne peut pas lui donner tort.
En revanche, lorsqu'on baigne dans le message bien-pensant où, puisque tout le monde fricote, on se doit d'être un queutard, oui, mais responsable et capuchonné, oser imaginer qu'on puisse dire que, justement, fricoter, même protégé, ne constitue pas une solution durable, ça heurte les petites oreilles sensibles de notre Ecrivain / Prix Goncourt / Pétitionnaire de weekend.
Et puisqu'on évoquait la cohérence, rendons à Gilles ce qui revient à Gilles : La cohérence, dès lors, l'honnêteté intellectuelle et la conscience de sa responsabilité lui indiquent la voie: il doit se rétracter. Bah non : l'incohérence, mon lascar, est de ton côté, dès le départ. D'une part, le pape, comme tout le monde, a parfaitement le droit d'émettre une opinion, et tu ne peux lui reprocher de le faire. L'incohérence, clown triste, est bien de ton côté quand d'une part tu admets que le pape est bien dans sa sphère mais que de l'autre, tu lui reproches de dire ce qu'il pense. L'incohérence, citoyen moraliné à l'arrogance bien française, est bien de ton côté lorsque tu déclares clairement que le pape serait responsable de tous ces morts, voire le souhaiterait comme châtiment divin, alors que dans le même temps, l'Église que ce pape dirige a certainement fait contre le VIH et pour les malades, dans le temps qu'il t'a fallu pour pondre ton ramassis de conneries, plus que tout ce que tu auras pu faire en un an pour ces mêmes individus et contre ce même virus.
Ce n'est pas parce qu'en Fraônce il est interdit de penser en dehors des sentiers battus que le reste du monde doit plonger et se noyer dans la piscine de moraline qu'on nous remplit tous les jours avec ce genre de propositions idiotes. Ce n'est pas parce qu'on ne partage ni la foi du pape, ni son opinion qu'on doit le faire taire ou lui imposer de retirer ce qu'il a dit, en tentant une espèce de terrorisme intellectuel pétitionnaire qui ne veut pas dire son nom.
Si j'étais cohérent avec ton attitude, mon cher Écrivain / Goncourt / Pétitionnaire, je devrais immédiatement te demander de retirer tes propos et j'aurais d'ailleurs bien lancé une petite pétition de derrière les fagots si j'avais eu un prix Truc histoire de donner un vernis de respectabilité à mes fièvres totalitaires.
Mais comme je suis cohérent et libéral, je me contenterai de t'accorder du mépris standard, trouvé en shrink-wrapped sur les étagères de ma panoplie anti-cons.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


H16 229672 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog