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Cinéma : en février, restons couchés

Publié le 20 mars 2009 par Blabla-Series

Après deux mois de très bon cinéma (il faut me croire sur parole), les temps ont été rudes en février dans les salles obscures. Beaucoup d’envies (dix films). Et de déconvenues (plus des trois-quarts). A l’instar d’un film suédois aussi soporifique que creux.

The Curious Case of Benjamin Button *

Sans émotion ni expression, le trop discipliné Button n’est qu’une chronique amoureuse hollywoodienne sans effet, académique et bien sous tout rapport (formel). Un chef d’œuvre autoproclamé trop vite, qui peine à délivrer un sentiment de fascination et de mystère, pourtant à la base de son concept.
La faute à Fincher, qui en sacrifiant sa créativité et son intégrité artistique, s’enfonce dans la linéarité et le schématisme d’un scénario foncièrement classique et ronflant. Un scénar également trop bien rodé, dans lequel l’amour triomphe malgré les épreuves du temps.

Narration à la voix-off lisse, storytelling sans âme, sans grandeur, ni ambition, visuel poseur, alors unique opportunité de contempler une Cate Blanchett d’exception. Un lot de consolation mérité pour ces deux heures et demie interminables d’un film d’abord prometteur, devenu tristement un film-témoin, aux apparences misérablement parfaites. Forcément oscarisable.
(3.5/10)

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Le Code A Changé *

La dernière œuvre de Thompson (pas le téléviseur, la cinéaste abonnée aux nanars franchouillards) se voulait être une chronique à la thirtysomething douce-amère. Elle se révèle finalement n’être qu’un énième exemple cinématographique d’un genre français frileux, affecté, qui n’intéresse que sur le principe.

Sorte d’attrape-bobo épuisant, ce film codé, autour de trentenaires égocentrés, infidèles et mesquins, est un produit faux-jeton, dénué de propos sensé et dont la teneur du scénario se rapproche de la finesse du jeu de Bruel : sans substance.
En résumé, malgré la présence d’actrices convaincantes (Seigner, Fois et Hands), le Code a changé est un film-caricature d’un cinéma français bavard et inconsistant, qui au lieu d’émouvoir, file la conjonctivite.

(4/10)

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Morse **

En dépit de quelques scènes intenses au démarrage, Morse est un film morne et trop discipliné, ne se mettant jamais en danger sauf dans ses rares twists quasi-parodiques ahurissants. Une bizarrerie suédoise sui generis qui, par son mélange des genres déconcertant et froid (une thématique gore, sociale et amoureuse à la fois), ne parvient jamais à faire sens.

L’émotion, l’angoisse, la passion existent mais sont inaccessibles, comme prisonnières de l’écran. Le film préférant se complaire exclusivement dans une perspective glauque et suédo-contemplative, n’apportant aucune pierre nouvelle à un postulat de départ pourtant truculent.
(5/10)

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He's Just Not That Into You **

He’s Just Not That Into You (aka Girlie Movie for Girlish Public) est un mode d’emploi vaginal sur les relations amoureuses (profondément ressentie par la gente hystérique féminine) aux apparences détachées et faussement cyniques.
Cruel mais pas trop, mélo mais pas assez mesuré, Ce que pensent les Hommes se fonde sur un propos initialement juste, calibré, aidé d’une écriture ciselée. Un atout-papier louable mais qui s’est sacrifié, en toute complaisance, dans la durée, pour aboutir rapidement sur un récit sans aspérité, sans relief, constitués de rebondissements tristement dégonflés.
Un film pourtant prometteur, crucifié sur l’autel du happy ending formaté et du bon sentiment en boîte. Usé et usant.

(5/10)

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Bride Wars **

Bride Wars, malgré son cachet belliqueux, n’est qu’une ode roucoulante à l’amitié, dénuée de mordant et d’ironie noire. Deux starlettes qui se livrent une lutte de mariées hystériques sans merci pour nous signifier à quel point le mariage est une affaire de consécration. Une quête du Graal à organiser, planifier, perfectionner (faire-parts brodés, réceptions pince-fesses, robes immaculées), au Plazza ou rien.

Servie par une Anne Hathaway charmante (elle l’est toujours) et plombée par une Kate Hudson insupportable (elle l’est toujours), Bride Wars s’avère être un petit navet satyrique qui dans l’étude supposée sarcastique du mariage, ne tient pas ses promesses.
Les plus mélos apprécieront l’effort final de romantiser une histoire hystéro-inepte, faite essentiellement de coups bas bêtes et … innocents, de crises nerveuses usées, faisant la part belle au règne des hormones hypophysaires grandement libérées.
Les autres finiront leur soirée en pestant.

(5/10)

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Doubt **

Il y a Meryl Streep bien sûr. Il y a sa voix, son jeu, son style, son humanité omniprésente dans le film. Mais John Patrick Shanley, en s’efforçant de ne pas réaliser une œuvre moralisatrice proprette, a signé un film maigre et poseur. Un film fondé sur le propos simplifié de l’intime conviction (pourtant riche en promesses), réduit finalement à néant, la faute à un script aussi fin que cisaillé.

Présenté comme une œuvre de confrontation psychologique fiévreuse et haletante, Doute se révèle finalement n’être qu’un huit-clos monacal maladroit et raté. Et ce malgré un affrontement poignant entre Streep et Seymour Hoffman comme scène-star du film. Une rencontre entre deux monstres effarants qui ne sauve en rien le film de son théâtralisme navrant et inapproprié. Ni de son bavardage appliqué, inutile et sans effet.
(5.5/10)

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LOL ***

Sans éviter de trivialiser l’adolescence, ni d’en rajouter des tonnes sur une classe sociale aisée, LOL reste une comédie ado, dévergondée mais raisonnable, avec l’avantage louable de s’inscrire dans l’air du temps.

Sous ses allures de film délibérément frivole et juvénile (jargon kiffeur à l’appui), LOL est une petite œuvre tendre et atypique qui réussit en outre à moderniser avec véracité la génération parentale et à transfigurer les relations de parents-enfants, autrefois réduites à l’écran, à un rapport unique d’autorité toute-puissante. Une mise à jour honnête et intelligente qui s’ajoute à une belle énergie d’ensemble, une écriture délicate et une cohérence globale et sérieuse dans le déroulement scénaristique d’un film travaillé, foncièrement divertissant, surtout juste.(7/10)

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Ricky ***

Dans ce singulier et troublant Ricky, François Ozon réinterprète les codes du drame en y entremêlant émotion et histoire sociale, mysticisme (l’enfant volant) et faits avérés (issu d’une famille ouvrière au train de vie modeste). Son envoûtant film fantastico-social, magnifié par la déjà grande Alexandra Lamy, procure un perpétuel plaisir. Intéressant, inattendu, sans cesse intriguant.

Une œuvre extravagante. Avant tout différente. Qui s’accompagne d’une critique sociale poignante et d’une odyssée allégorique sur la découverte de l’autre et de soi. Un pari cinématographique et humain risqué, éclipsant les apparences d’abord déconcertantes du film fantaisiste, pour aboutir à un résultat osé et prenant, hautement réussi.
(8/10)

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Bolt ***

Au-delà de la morale héroïque formatée propre aux films d’animation de son acabit, Bolt, tonique, léger et subtil à la fois, s’avère être un bijou d’humour, entre sarcasmes bien senties et punchlines d’une efficacité redoutable.

Une aventure rythmée et ludique, jamais excessive, jamais irritante, qui s’accompagne en outre de moments tendres et craquants, typique des Disney les mieux aboutis. De bon augure pour l’avenir du géant américain.
(8/10)

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The Wrestler ****

(A l’instar de Benjamin Button) Randy “The Ram” Robinson incarne la vraie Amérique. Bosselée, à l’agonie, dévouée mais fatiguée. Une Amérique des mobil-homes et des strip-clubs dépravés, des gymnases désaffectés et des supermarchés cheap. Une Amérique finalement à l’image de Randy : oublié et désoeuvré.

The Wrestler se présente comme un film à l’image de son propos : vrai et expressif. Pourtant basé sur le catch (la pratique la plus fake que le monde ait porté), l’œuvre de Darren Aronofski ne simule pas et livre son gibier dans l’arène, avec une authenticité et une véracité foudroyantes. Exposant dans toute leur radicalité les plaies béantes, les sentiments désespérément déployés, et autres tentatives d’insertion (sociale et familiale) vouées à l’échec, Darren Aronofski filme ce wrestler décrépit sans compassion, ni faux pathos. Telle une machine à broyer défectueuse, telle une figure quasi-christique malade qui, furieusement, humainement, s’épuise jusqu’à la mort.
(9/10)

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