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Happy bday shebam !

Publié le 20 mars 2009 par Bertrand Gillet
21 mars 2009
Bon anniversaire à Shebam Blog Pop Wizz
3 ans de bons et loyaux sévices rock’n’rollesques

Putain, 3 ans ! Ainsi, s’exclamait un célèbre personnage de la vie politique en retraçant le parcours fracassant de votre tribune rock favorite. Oui, 3 ans de dur labeur à naviguer entre nouveautés rock et vieilleries sentant bon le vinyle, le carton et le patchouli, 3 ans de parti pris et de mauvaise foi, 3 ans à farfouiller dans les tréfonds de la mémoire collective pour en sortir trésors, artefacts et autres œuvres mineures, certes, mais toujours aussi passionnantes. Entre déclarations d’amour lysergiques et coups de gueule contre les noires œuvres de l’Industrie du Disque, cette tribune a su trouver sa place. Mais aujourd’hui sont mis à l’honneur  tous ceux qui n’eurent pas le plaisir d’y figurer : leur nom sera apposé au fronticipe de Shebam. Tous ces auteurs que j’avais pris soin d’oublier pourront eux aussi prétendre à l’immortalité rock. Pourquoi mépriser avec tant d’aplomb les artisans de la diversité ? Je vous le demande. Ainsi…
Cali, de son vrai nom Bruno Caliciuri, chanteur engagé, à la plume aussi féroce que vibrante et dont la voix, si fragile, porte tous les espoirs de musicalité, Cali, ô chantre d’une modernité rock dans les habits de la Chanson Française.
Bénabar, le Desproges du folk à la française, Bénébar aux chroniques acides d’une société en rupture de ban. Bénabar, c’est un verbe, une posture, une révolte, un sens agui et millimétré de la composition. Allez, osons le dire : une vision pointue de la pop au sens large du terme.
Les Wampas, ah les Wampas, le rock hérité des plus grands : Creedence, The Band, Neil Young & Crazy Horse, MC5. Didier de son doux prénom est le porte-étendard d’une contestation universelle, Didier dont la voix suave et élégante incarne cette idée même du rock, entre déflagration sonique et poésie urbaine. Le fils spirituel de Morrison et de Mick Jagger.
Pascal Obispo, LE songwriter par excellence, celui qui, dans la lignée du couple Gerry Goffin & Carole King, prêta sa plume aux plus grands, Obispo, un style, un sens de l’à-propos et ce goût discret pour les duos, rappelons-nous  celui qu’il forma si habilement avec Michaël Youn.
Florent Pagny, délicat troubadour dont le franc-parler et la conscience politique sont les électrochocs de notre société, en ces temps de consensus mou. Cet authentique musicien n’eut de cesse de nous régaler, alignant modestement, loin des fracas du monde moderne, hymnes contestataires et odes pastorales sans jamais au grand jamais céder à la facilité.
Traversons un moment les frontières pour rencontrer quelque génie discret et investi dans les mystères de la Création Musicale : je voulais parler de U2 qui se pose comme le digne successeur des Beatles tant la virtuosité du groupe et son dégoût du consumérisme de masse sont criants. Bono, ce chantre du désintéressement quasi spirituel. Je dis « quasi : je sais, je suis de mauvaise foi. Jamais nous ne verrons ce grand monsieur débarquer la nuit avec tapage dans une limousine, lunettes de soleil vissées à un visage impassible, indifférent aux cris des fans. Seul compte pour ce héros la quête incessante du son, de l’asymétrie mélodique, du contretemps. Loin, très loin des hits parades qui eux continueront à parader.
Dire Straits ou l’expérimentation permanente : rien à voir avec ces fadaises FM. Non, Dire Straits est un exemple d’insolente longévité dont les raisons tiennent en un mot : le talent.
The Killers, le groupe qui a su naviguer au-delà du buzz, avec cette équation parfaite à l’esprit : du rock, pas de fioritures, juste du rock, mec. Haro aux synthés, ces musiciens accomplis font dans le minimalisme pur et dur, deux adjectifs que l’on voudrait lire plus souvent s’agissant d’une formation de rock.
James Blunt quant à lui complète si brillamment l’arbre généalogique des singers-songwriters en véritable fils spirituel de Nick Drake, Leonard Cohen, Randy Newman et autres David Ackles. Figure tranquille et retirée de l’Indie Folk britannique, il a su façonner des chansons simples, sans oripeaux inutiles, abordant sans concessions aucunes des sujets aussi sensibles que la misère sociale, le suicide des jeunes, la drogue où la guerre en Irak comme dans You’re Beautiful narrant avec retenu l’histoire d’un soldat anglais écrivant une dernière fois à sa fiancée, avant de sauter sur une mine dans les rues de Bagdad.
Revenons en France, il y a tant à dire : prenez le cas de Mika, orfèvre minutieux d’une pop dépouillée et dont chaque refrain se voit sublimé par quelque arrangement timide : l’épure est le maître mot d’une œuvre en devenir. Vivement le deuxième album ! Quant à la scène rock, que n’a-t-on dit sur les « baby-rockers », là où des futurs Rolling Stones commençaient tout juste à s’imposer par la seule force de la volonté. Les Naast, fièrement représentés par Gustave, guitariste compétent et chanteur talentueux, sont aux avant-postes de la scène française. Succès d’estime qui s’est vite confirmé dans les bacs pour un premier opus justement qualifié par la presse de concept album. L’ambition est donc là, le talent aussi. Côté filles, les nouvelles sont excellentes. Les Plastiscines font ainsi honneur à Lennon et à son Lucy In The Sky With Diamonds. Là encore, la justesse des voix rivalise avec la force du propos. Loser ou l’intransigeance pop arrivée à maturité : « Loser, trop d’arrogance en toi ! ».
Bien sûr j’en oublie beaucoup, mais je voulais en ce jour si spécial leur rendre un vibrant hommage, et surtout rendre justice à leur œuvre. Que ces héros modestes continuent à placer le Rock (avec un grand R) à l’avant-garde de toutes les audaces. Nan, j’déconne, je vous hais tous. Mais, estimez-vous heureux les gars : une citation par an, c’est nettement suffisant, vous qui polluez les ondes les 364 jours restants. Tenez-vous le pour dit.

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