L’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a formulé lundi des propositions pour “redonner toute sa crédibilité” au vin français produit en AOC, appellation qui ne constitue plus, selon elle, une garantie de qualité ou de terroir.
“Depuis un certain nombre d’années, on observe une baisse qualitative régulière dans beaucoup d’AOC (appellation d’origine contrôlée) qui a miné complètement la confiance des consommateurs vis-à-vis des AOC”, a expliqué Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir, lors d’une conférence de presse téléphonique.
Selon une enquête de l’UFC-Que Choisir, 75 professionnels représentatifs de la filière viticole assurent qu’un tiers du volume du vin français produit en AOC ne mérite pas cette appellation du fait de son faible niveau qualitatif et du manque de lien au terroir.
Inflation des surfaces, des rendements et des volumes, décrets d’appellation dépassés, “trop permissifs” et agréments laxistes laissant passer la quasi totalité des productions présentées, sont autant de causes qui ont contribué au “dévoiement progressif de la notion d’AOC”, relève l’association.
Les décrets d’appellation sont devenus tellement permissifs que la production d’AOC s’est fortement développée, souligne-t-elle. En 30 ans, les productions sous AOC sont passées de 15 millions d’hectolitres à 25 millions. Dans les années 1970, les vins de table représentaient 70% de la production des vins français et les A0C seulement 22%. Actuellement, les premiers ne représentent plus qu’un quart des volumes, tandis que les AOC ont grimpé à 44%.
L’UFC-Que Choisir dénonce le laxisme des agréments annuels des productions, présentés comme la garantie ultime de la typicité et de la qualité des AOC. “On note une quasi absence de vins recalés: en 2004 et 2005, 98% et 99% respectivement des productions présentées à l’agrément ont été reçues”. Les commissions d’agrément sont composées “essentiellement de professionnels de l’appellation qui sont juge et partie”, précise-t-elle.
Pour garantir la réussite de la réforme des AOC viticoles, lancée en 2006, l’association formule des propositions. Elle préconise la réécriture des cahiers des charges par les Organismes de défense et de gestion (ODG) de chaque appellation en se recentrant sur la notion de terroir.
Elle souhaite que l’Institut national des appellations d’origine (Inao) “arrête le flot des AOC au rabais” et qu’il ne valide pas les cahiers des charges ne répondant pas strictement à la notion originelle d’AOC. L’Inao doit aussi faire progresser le niveau qualitatif des vins en instaurant des sanctions “graduées, proportionnelles au niveau de démérite des productions”.
L’association prône aussi la mise en place par les ODG d’un ensemble de contrôles par des organismes indépendants aboutissant au déclassement de certaines productions, voire même à l’exclusion des producteurs en cas de dérive. (AFP)