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Piano et Psychanalyse

Publié le 27 février 2009 par Dablemont

freud_sofaLaissez moi donc, pour commencer, citer Claudio Arrau: « Nous autres artistes, passons nos vies à nous frustrer nous-mêmes. Par simple peur – peur de l’échec et, si étrange que cela semble, peur de la réussite aussi bien -, nous tombons malades à la veille de concerts importants. Nous nous créons des désordres émotionnels graves (…). Les chanteurs s’enrouent, perdent leur aigu…les instrumentistes perdent soudain l’usage d’un doigt, ou de plusieurs, et ne peuvent plus jouer les passages les plus simples (ou les plus difficiles). Ou encore, à force de compétition et de chimère de toute puissance, le moindre signe d’imperfection peut obliger à s’arrêter au milieu d’une exécution par ailleurs excellente. Le pire est que soudain tout ce combat puisse paraître perdre tout sens et alors l’artiste, perdu dans l’alternative du conflit et de la détresse, peut tout simplement déclarer forfait. Il ne joue plus. C’est la mort même –la mort de son âme. Il descend aux Enfers, et l’affreuse lutte contre les Furies (le noir absolu de l’inconscient) lui permettrait seule un retour ».

L’importance du mental chez un musicien n’est plus à prouver. Pourtant, dans les conservatoires, on ne trouve aucune aide psychologique et personne ne nous conseille ou ne nous aide dans notre vie intérieure de musicien. Dans notre métier, qui est finalement confondu avec notre vie, nous sommes soumis à une pression incroyable et une aide spécialisée fournie à temps aurait certainement pu éviter bien des drames.

Les manifestations les plus visibles de cette fragilité sont ce que certains appellent les excentricités de l’artiste avant un concert, qui sont en fait des rituels destinés à chasser le trac et à instaurer une fragile stabilité dans les conditions extrêmes du concert. Il ne s’agit en aucun cas de caprices de star…

Peu suffit à déstabiliser un artiste. Pour un pianiste, la dualité solitude (du travail) / exposition publique (de la performance, du disque…), même presque exhibition publique n’est pas toujours facile à gérer. Certains, incapables de comprendre notre travail, cette difficulté à laquelle nous faisons face ou par simple jalousie, préfèrent anéantir le travail de toute une vie en écrivant quelques “bons mots” du haut de leur tour d’ivoire.

Pas si facile que ça la “vie d’artiste”!


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