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De Ratisbonne à Yaoundé, en passant par la Grèce

Publié le 22 mars 2009 par Roman Bernard

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Les controverses autour de Benoît XVI s'enchaînent, et elles se rapprochent de plus en plus dans le temps. Entre la levée de l'excommunication des « évêques » de la Fraternité Saint-Pie X, le 21 janvier dernier, et les propos du pape sur le sida et le préservatif, il s'est écoulé tout juste deux mois. Deux mois pendant lesquels les anticléricaux fanatiques ont pu communier dans la christianophobie, en raison de propos qui, lorsqu'ils sont tenus en substance par des dignitaires d'autres religions, notamment abrahamiques, ne les choquent pas. Il semble que le Vatican soit sous surveillance idéologique, comme l'étaient les pays de l'Ouest durant la Guerre froide.
C'est ainsi que ces anticléricaux fanatiques ont réussi à faire passer leurs mensonges pour des vérités, ou à ne retenir des déclarations et des actes du Souverain pontife que ceux qui les arrangeaient. Ils ont réussi à faire croire à l'opinion publique que Benoît XVI a donné l'investiture canonique à un évêque négationniste, alors qu'il n'a été que réadmis dans l'Église, et, surtout, qu'il n'a jamais été évêque.
Ils se sont indignés de l'excommunication par un évêque brésilien (vrai, celui-ci) d'une équipe médicale et d'une femme qui avaient fait avorter la fille de cette dernière, mais n'ont pas salué la levée de fait de cette excommunication. C'était pourtant précisément ce qu'ils réclamaient.
Ils ont, enfin, détourné l'extrait d'une interview pour faire croire que Benoît XVI avait interdit à ses fidèles l'usage du préservatif, alors qu'il déclarait que celui-ci ne constitue pas une solution, ce qui, sur un plan pratique, est indéniable. Rappelons d'ailleurs que ces propos ne constituaient pas une nouveauté, ni de la part de Benoît XVI, ni de celle de son prédécesseur, Jean-Paul II. Les amnésiques adeptes de la tabula rasa ont déjà oublié qu'eux, ou leurs précepteurs, s'indignaient de la même manière contre le pape polonais. Je me souviens très bien de l'outrance de ces journalistes français, alors que j'étais jeune, étant né cinq ans après le début du pontificat de Jean-Paul II.
C'est la dernière des trois récentes controverses qui a achevé de me convaincre que cette campagne médiatique de cathophobie n'est absolument pas due à l'« actualité ».
Depuis l'« affaire » du discours de Ratisbonne en effet, Benoît XVI est « dans le colimateur » du monde politico-médiatique occidental, et notamment français.
La malhonnêteté intellectuelle, la mauvaise foi, le nombre, le conformisme et le mimétisme des anticléricaux fanatiques, avait déjà permis à ces derniers d'abuser l'opinion publique, en présentant ce discours (prononcé en septembre 2006) comme « islamophobe », et en sortant de son contexte une citation d'un empereur byzantin.
Je doute que tous se soient donné la peine de lire le discours en question. Je l'ai fait, car je suis toujours sceptique devant l'unanimisme de ces Drumont de pacotille, qui brisent les sabres et dégrafent les galons des capitaines Dreyfus de notre temps.
Le discours de Ratisbonne traite, cela a été dit, du rapport entre la foi et la raison.
La référence à l'islam n'est qu'accessoire, et n'est certainement pas « islamophobe ».
Si, donc, la plupart des indignés - qui tiennent leur moutonnisme pour de la subversion à l'encontre d'un ordre qui a été renversé depuis quarante ans - n'ont pas lu le discours, d'autres l'ont fait, ne serait-ce que pour en extraire cette citation.
Or, le thème secondaire de ce discours est l'importance capitale, pour l'Église mais aussi pour toute la Chrétienté, de ne pas se couper de leurs racines helléniques.
Les racines grecques de l'Europe chrétienne
Cela ne vous rappelle rien ? Moi si, car c'était précisément le thème du livre si controversé de Sylvain Gouguenheim, Aristote au Mont Saint-Michel : les racines grecques de l'Europe chrétienne, que j'avais recensé ici. Bien sûr, le discours de Ratisbonne n'avait pas le même objet que le livre de l'historien. Là où ce dernier affirmait que l'Occident devait ses savoirs grecs à lui-même, aux Byzantins et aux Arabes chrétiens, et non à l'Islam, contredisant ainsi la doctrine officielle de l'Université française, on peut interpréter le propos de Benoît XVI comme une critique à l'égard des églises évangéliques concurrentes, accusées de renier l'héritage grec.
Il n'en reste pas moins que la portée des deux démarches du pape et du chercheur est la même : en inscrivant la Chrétienté - pour Benoît XVI - et l'Occident - pour Gouguenheim - dans une filiation directe avec les cités grecques, en affirmant ainsi la paternité de la Grèce antique sur Rome et l'Occident chrétien dans son ensemble, le pape et l'historien suivent une logique culturaliste, qui va totalement à rebours de l'idéologie dominante aujourd'hui, celle du métissage des cultures et des religions.
C'est donc pourquoi, enfin, le même reproche - celui de l'« islamophobie » - a été adressé à Benoît XVI et à Gouguenheim, alors que la question de l'islam est annexe.
Roman Bernard
De Ratisbonne à Yaoundé, en passant par la Grèce
Criticus est membre du Réseau LHC.

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