Les études sur les technologies de l’information et de la communication au service de la visite culturelle sont pour moi des grandes sources d’inspiration. J’y trouve toujours matière à réflexion pour les professionnels du tourisme. Je viens de parcourir, Galassia Web - La Cultura nella Rete (Galassie Web - La culture dans le Réseau), novembre 2008. Je lis malheureusement très imparfaitement l’italien, mais ai pu en tirer quelques idées.
L’étude fait ressortir le problème du multilinguisme : peu de traduction en langues étrangères des sites des musées. A noter, c’est le plan des sites Internet qui a reçu la plus grande critique des internautes (64,5%) : informations pas faciles à trouver, ou ne répondant pas aux attentes. Les critiques sur les sites web sont assez classiques, mais hélas encore à l’ordre du jour. Par exemple, le site Internet est souvent encore perçu comme une vitrine de présentation des oeuvres : manque de données actualisées sur les événements et un manque flagrant d’attention à l’actualité.
Une des réflexions de cette étude est de voir comment le musée peut s’ouvrir sur l’extérieur et être présent en dehors des ces murs, bref de continuer sa présence en ligne : création de galeries photos, téléchargement de podcasts…
Le Web est considéré, à juste titre, comme un bouleversement aussi important pour la création culturelle et pour sa diffusion, que celui de l’imprimerie, et 26 experts dissèquent les solutions à mettre en œuvre à partir de 30 articles, dont nous retiendrons, par exemple :
- L’impact sur l’organisation des institutions, article particulièrement élaboré par la présentation des transitions en cours et du chemin à accomplir ;
- L’accès aux contenus culturels est vu du point de vue de « la qualité » et du collaboratif ;
- Les questions des droits d’auteur, des marqueurs, du multilinguisme, des contenus audiovisuels dans le contexte du marché et de la technologie…sont clairement présentés
- Le périmètre de la réflexion comprend aussi la 3D, les moteurs de recherche, la conservation des données numériques, la didactique dans les sites Internet.
Une étude récente d’Eurostat, de 2008, toutes les données et statistiques de Galassia sont de 2007 ou 2008, sert d’appui à la démonstration, qui concerne un vaste échantillon de musées italiens et internationaux et trace un tableau des pratiques des internautes et des opérateurs des musées et du tourisme. Par exemple on apprend qu’en 2007, 226 millions d’Européens ont visité au moins un lieu culturel.
Les sujets généralement peu abordés par la recherche, que sont les coûts de production, les incidences du Web 2.0 ou l’impact des réseaux sociaux sur les pratiques muséales ne prennent en compte que les seules « bonnes pratiques » pour (enfin) répondre à des questions précises, y compris des scénarios de prospective à court et moyen terme.
Ce qui est remarquable c’est que l’on ne trompe personne : bien sur des tout petits musées ne pourront arriver à se faire une place dans cette Galassia sans revoir leur voilure et leur organisation (mutualisation, réseaux à créer, échelle régionale, participation possible des visiteurs, …). Un même constat est fait pour la culture et le tourisme en Italie. Il y a en effet un manque de coordination des différentes entités publiques qui développent des activités visant à promouvoir et vendre des produits touristiques. Bref il faut avoir une plus grande coordination pour la promotion.
Ce livre rappelle que les grandes villes et les « villes d’art » ont un fort pouvoir d’attraction pour les touristes. Bref il est rappelé la nécessité d’avoir une promotion du voyage en lien la ville et sa région (que faire ? que puis-je voir autour ?), et de communiquer sur l’identité d’une ville et de sa région.
Je constate que la faiblesse des budgets web m’est pas uniquement un mal français (majorité en dessous de 2000 euros, 2 structures dépassent 10 000 euros et une + 200 000)…
Les solutions passent aussi par l’arrêt d’une certaine banalisation de nos musées européens, quand, par exemple, ils offrent à peu près tous la même chose, avec des normes pour la conservation et la diffusion qui n’ont pas été revisitées depuis des lustres, et sont comme recopiées aujourd’hui, sans aucun effort de « différenciation ». Pourquoi, alors, aller dans tel musée plutôt que tel autre pour les jeunes générations qui n’y trouvent aucun sens par rapport à leur nouvelle forme de culture, celle du Web, précisément ?
Ouvrage parfait, à notre avis, pour les professionnels du marketing (cf. par exemple, l’article sur « Les musées 2.0 et la longue traîne », ceux de la culture (les musées, mais aussi la musique, le livre…) et du tourisme (toutes les procédures communes et possibles avec la culture y sont disséquées).
Les professionnels du Web auront enfin leur « bible » pour les questions culturelles, et la décision politique (nos élus, en France) trouvera aussi un appel vibrant à davantage de stratégie et de coordination dans les interventions sur le territoire en matière de Web/Culture/tourisme. Ce livre mériterait vraiment une traduction en français.
Handbook on cultural web user interaction
J’en profite également pour vous conseiller la lecture de Handbook on cultural web user interaction. Ce document nous rappelle l’intérêt des TIC pour un site culturel :
- Pour préparer la visite sur le lieu ;
- Pour poursuivre après la visite ;
- Pour rester connecter à la communauté du musée ;
- Pour ceux qui ne viendront pas, mais qui veulent connaître les oeuvres d’un lieu culturel ;
- Enfin permet de comparer, de bouger des oeuvres. Actions difficilement réalisables pendant la visite d’un lieu.
Je vous laisse consulter tous les exemples et les bonnes pratiques. L’intérêt de cette étude est de lister toute la panoplie des outils à votre disposition : newsletter, forum, blog, messagerie instantanée, webcam, visite virtuelle etc. tout en n’oubliant pas de les lier à des attentes des visiteurs. Ce n’est pas simplement proposer ce type de services car c’est à la mode, mais parce que cela répond à des besoins et des usages des publics potentiels.