Des poids-lourds au gouvernement ?

Ce qui me frappe actuellement, c'est la fuite en avant présidentielle à laquelle nous assistons chaque jour un peu plus. Devant le mépris affiché par Sarkozy au sujet  des mouvements sociaux de ces derniers mois, l'empathie ne semble plus être son fort, il n'arrive même plus à la feindre. Hasard du calendrier bruxellois ou pas, il en est à jeter un cil, ou plutôt un battement de cil, à la rue. Celle-ci s'exprime parfois brutalement ou sincèrement, c'est selon
. Chacun a pourtant donné le meilleur de lui-même au travers de ces mouvements sociaux depuis trois mois pour dire et re-dire le malaise et le mal-être social que nous traversons aujourd'hui. La réponse a toujours été inflexible à la fois pour les manifestants ainsi que pour le patronat. La politique de ce gouvernement est devenue illisible à coup de recul (uniquement sous la pression: Guadeloupe et universités) ou d'à priori mal placés (les mouvements sociaux n'infléchiront pas la politique du gouvernement) au même moment où celle-ci est malmenée au sein même de l'UMP (polémique sur les haut revenus ainsi que sur la loi TEPA).

Un big-crunch social et économique

Nous vivons non pas une crise, comme aime à le rappeler périodiquement le gouvernement, mais un changement de modèle politique, économique et social au niveau mondial. A ce titre les prévisions gouvernementales économiques optimistes, à peine sortie sont réfutées immédiatement. Nous ne savons pas où nous allons, c'est une évidence, mais le pragmatisme de l'équipe d'Obama semble créer un consensus au sein de la société Américaine qui n'a pas cours de ce coté-ci de l'Atlantique. La réaction est donc longue à venir en France, même lorsque, vendredi dernier, le FMI pointait du doigt les risques d'auto-alimentation de la crise en gigantesque dépression. L'autisme et le "roullage de mécanique" semble être la clef de voûte du système Sarkozyen actuellement.

La peur comme moteur

Dans cette situation naturellement anxiogène: le surcroit d'autoritarisme, les atteintes répétées aux droits fondamentaux de l'homme commencent à se retourner contre son créateur. Dans un pays qui a un idéal sur ces sujets, toutes ces atteintes et ces privations commencent à miner le corps social. La politique sécuritaire est certes le Cheval de Troie de Sarkozy dans l'opinion publique, mais elle est allée trop loin. Celle-ci est désormais en train de devenir davantage un handicap qu'un atout. De plus lorsque Frédéric Lefebvre, porte parole de l'UMP, homme assez limité, en vient à parler de tout et de rien en invoquant tout et son contraire. Tout cela commence à tourner au Théatre de Boulevard voire à la folle de chaillot.

A force de s'entourer d'hommes et de femmes qui n'ont plus d'issues de secours (Besson, Kouchner, Dati..) et d'idolâtres intéressés (Jego, Lefebvre), Sarkozy est en train de s'apercevoir qu'il n'y a plus grand monde pour épauler son cap: sa réelection en 2012 - comme il l'a lui-même évoqué la semaine dernière.

Changement de stratégie

Au plus bas dans les sondages, des fuites ont été savamment orchestrées, vendredi dernier, afin de tester un retour potentiel d'Alain Juppé ou de Philippe Séguin au gouvernement. Les syndicats "tiennent" toujours leurs troupes malgré leurs échecs répétés à obtenir un vrai plan de relance. C'est à croire qu'ils appellent à manifester pour décharger la fougue de leurs adhérents et pour conserver leur unité. Tout ceci reste sans relief au niveau des résultats pour leurs adhérents aujourd'hui. Il va sans dire que les grévistes ne vont pas tarder à réclamer des comptes.

Une fuite en avant plus loin, Juppé rêve peut-être de casser définitivement ces mouvements sociaux inopportuns qui lui ont cassés les pieds...ce que je ne crois pas. Mais un tandem Sarkozy Juppé n'a guère de chance de fonctionner dans les faits. Si Sarkozy arrivait cependant à le déloger de Bordeaux, les chances de Juppé pour 2012 seraient réduites à néant. C'est bien pour cela que je ne crois pas à cette hypothèse non plus.