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De mal en pis...

Publié le 23 mars 2009 par Raphael57
De mal en pis...


L'INSEE vient de publier le 20 mars sa dernière note de conjoncture. Et c'est un euphémisme de dire que celle-ci fait état d'une économie plus mal en point que prévu : au quatrième trimestre 2008, le recul de l’activité mondiale a été bien plus prononcé que les prévisions de décembre 2008 :

  • -1,8 % dans les économies avancées au lieu de -0,9 %
  • -1,2 % en France au lieu de -0,8 %


L'explication se situe tant au niveau de l'offre que de la demande. D'un côté, les ménages, confrontés à la baisse de la valeur de leur patrimoine et à la dégradation du marché du travail, dépensent moins (les ménages français font pour l'instant exception, puisque la consommation progresse même un peu). De l'autre, le faible taux d’utilisation de leurs capacités de production et le durcissement des conditions de financement ont conduit les entreprises à réduire fortement leurs dépenses d’investissement et l’emploi.
Les économies étant interdépendantes, cette baisse d'activité entraîne également une chute sensible du commerce mondial, qui s’est replié de 6 % au quatrième trimestre 2008. L'INSEE note que ce repli est tout à fait exceptionnel et constitue la plus forte baisse enregistrée au cours des 40 dernières années.
Nous n'avons malheureusement pas encore atteint le creux de la vague et les conjoncturistes de l'INSEE tablent désormais sur un recul de - 1,5 %  au 1er trimestre et -0,6 % au deuxième en France, en raison notamment de la poursuite du déstockage des entreprises et d'une accélération de la chute de l'investissement. Dit autrement, à la fin du premier semestre 2009, l'acquis de croissance serait de -2,9 % dans notre pays. Et pour que la récession puisse se limiter à - 1,5 % sur l'année, comme le prévoit le gouvernement, il faudrait que la croissance se redresse à + 1,9 % au troisième et au quatrième trimestre ! Les précédents records de contraction du PIB de 1993 (- 0,9 %) et de 1975 (-1 %) risquent donc d'être pulvérisés.
Qu'en est-il du chômage ? Le taux de chômage, au sens du bureau international du travail (BIT) , s'accroîtrait d'un point en six mois, à 8,8 % (9,2 % avec les DOM). Il y aurait 281 000 chômeurs supplémentaires au premier semestre. Du fait de la nette contraction de l’activité qui s'est engagée depuis la fin 2008, le marché du travail français perdrait de nombreux emplois - plus de 330 000 postes au premier semestre 2009 - après une baisse de plus de 110 000 postes au second semestre 2008 !
Et le logement ? En France, les stocks de logements neufs s'étoffent alors que les ventes sont en net repli : les délais d’écoulement atteignent désormais leur niveau le plus élevé des 30 dernières années. Il suffit de se rendre dans une agence immobilière pour voir combien de logements ne trouvent pas preneur. En effet, même si quelques baisses de prix sont à noter, il n'en demeure pas moins vrai que les prix restent largement surévalués pour certains types de biens. Au sujet du logement, l'INSEE conclut que "l’investissement des ménages continuerait donc de se replier et l’activité du secteur de la construction continuerait de peser fortement sur la croissance".
Seul point non négatif dans cette note de conjoncture : le pouvoir d'achat bénéficierait du repli de l’inflation et de "la revalorisation des allocations familiales et des retraites, et le versement de la prime de solidarité active". N'oublions cependant pas que cette minuscule embellie sera très probablement annulée par la hausse du chômage et la baisse des salaires dont j'ai déjà parlé ici.
Pour finir, j'ai beaucoup apprécié la mise en garde des conjoncturistes de l'INSEE : "Il n'est pas certain, enfin, que la pertinence des outils d’analyse confectionnés à partir d’évolutions « moyennes » de la conjoncture soit préservée dans des circonstances exceptionnelles comme celles que nous vivons. L’incertitude inhérente aux exercices de prévision s’en trouve probablement accrue". Cela signifie simplement que les modèles habituels de prévisions ne savent pas prendre en compte les discontinuités, c'est-à-dire les conditions de crise : on peut donc très bien s'attendre à des chiffres encore plus catastrophiques en réalité...


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