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Un peu de poésie bretonne...

Publié le 23 mars 2009 par Ananda
Dans le monde où tu dors
Les orties sont fécondes
Les cartes se laissent distribuer

Tu peux pencher la tête
Tu peux dormir encore
Le blés poussent loin d’ici

La ville s’enfonce dans son fleuve
C’est la dernière défection
Les estivants en guerre ne reviendront pas

Tu ne sais toujours pas
Comment ce monde tient
Sur quelle pointe de sphère

Et tu ne cherches pas à comprendre
Ce qui n’est plus une énigme
Mais un moment seul d’éblouissement

   xxxxxxxx

   Entre midi et deux

Qui m’écoute personne
Je me promène toujours seul
J’apprends à marcher comme un enfant
Il m’arrive encore
De tomber à genoux

Les arbres gravitent autour
De tout ce qui flotte dans l’air
J’aspire à grands poumons
Je pense que j’ai l’air alors
D’un fameux farceur

L’autobus me conduit
Droit devant moi
J’aurais du mal à trouver mieux
Je laisse faire le chauffeur
Ça vaut mieux pour lui et pour moi

Eric SIMON (Nantes)
in recueil "Loques"
  


  


    Luxe!

J’errai sans but
De la Pointe du Van
Aux Trépassés
De Plogoff
À Audierne
Et Mesperleuc

Mes poings au fond des poches
Mes poches n’étaient pas trouées
J’avais faim
Pas la faim du poète maudit
Mais la faim des nantis
Un p’tit creux à l’estomac
Passé midi

Je savourai
Le luxe de ma vie
Un caban pour me protéger du vent
Trois sous
Pour une boîte de cigares
Et du temps
Du temps
Du temps

Dominique NOEL ( Chateaulin)
in « Dans tous les sens »,  livre objet 
dans lequel les poèmes
sont accompagnés de collages
de Jeannette Stefan Jeffroy




Le poète craque entre ses os
Le monde et ses voix et ses ombres
Se sont engouffrés dans sa carcasse vivante
Il veut tout dire de l’univers abrupt
Qui se précipite en lui en cascades violentes
Il étouffe il ahane il aspire et il chante
Il meurt il est mort sa voix de caverne dorée
Habite des demeures qui n’existent plus, le poète est hanté

Le poète meurt de la fièvre qui le brûle
La main maternelle apaise son délire, ce sont les mots
posés frais sur son front
Jusqu’à ce qu’une nouvelle flèche
De feu lui embrase le crâne

Celui-ci ne sait pas vivre alors il éblouit ses yeux
Et défie les mystères
Il cherche dans le sable les mots qui conteront le sable
Il cherche dans le vent les mots qui chanteront le vent
Il cherche dans la vie les mots qui trahiront la vie

Anne JULLIEN-PEROUAS
in recueil " Poèmes "


Source : Hervé Mesdon

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