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Quand le service minimum éclipse la grève

Publié le 19 mars 2009 par Mediacratie

C’est la grève ! Vous avez dû en entendre parler… mais qu’avez-vous vraiment retenu ? Depuis quelques jours, il est étonnant de constater un traitement médiatique on et off line totalement monopolisé par la question du service minimum. Auparavant, nous avions l’habitude d’entendre seulement les prévisions de trafics dans les transports et d’autres indicateurs sur l’ampleur d’un mouvement.

Le service minimum, mesure symbolique de l’ère Sarkozy, a amplifié la proportion d’informations pratiques face au traitement de fond d’une grève et de ses enjeux économiques et sociaux. On ne compte plus les reportages chez Madame Trucmuche qui garde les enfants du quartier parce que la mairie n’a pas appliqué le service minimum dans ses écoles, ou l’interview du maire de Triffouillis-sur-mer qui avait prévu des vacataires mais aucun enfant n’est finalement venu.  Sans compter les célèbres micro-trottoirs de Monsieur Michu : “J’ai attendu trois heures pour avoir mon train” ou “J’ai préféré prendre le vélo”.

Aperçu Google Actualités

Simple constat. Lorsque l’on tape “grève 19 mars” dans Google Actualités, une porte d’entrée de référence pour la recherche d’informations, sur 25 résultats, 50 % traitent du service minimum, transport et éducation confondus, dont les 10 premiers.

Autres constats. Mardi, le 20h de TF1 a directement commencé son journal par “Transports, écoles, les perturbations à prévoir…” sans évoquer les motifs du mouvement. La homepage du site L’Express.fr suit cette même logique.

Capture site L'Express

Une hiérarchie de l’information qui peut inquiéter les syndicats et les meneurs de ces mouvements. Au delà de la mobilisation, ils peuvent s’interroger sur la stratégie à adopter pour s’acquérir les faveurs de l’opinion et des médias. Le service minimum, et son application laborieuse, influencent fortement l’angle du traitement médiatique. Autres facteurs : l’organisation, un mois à l’avance, de la journée de mobilisation d’aujourd’ui entraîne une dilution naturelle du mouvement sans compter la compilation pèle-mêle de revendications qui n’aide en rien à la lisibilité et à la cohérence du message.

Enfin, ces lois sur le service minimum dans l’éducation et les transports donnent aussi l’impression d’une accentuation de la fracture entre ceux qui font grève et ceux qui “subissent”. Serait-ce une stratégie politique de déstabilisation et de décrédibilisation des mouvements ? Pas évident qu’en temps de crise l’effet soit garanti.


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