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« Casimir et Caroline » de von Horvath, mise en scène d'Emmanuel Demarcy-Mota

Publié le 24 mars 2009 par Pamina755

Munich au seuil des années 1930. La République de Weimar se délite, l’économie est en crise, le chômage explose. Caroline (Sylvie Testud) veut simplement s’amuser à la fête d’octobre de Munich, s’étourdir sur les montagnes russes, manger une glace, voir le Zeppelin traverser le ciel. Mais son fiancé Casimir (Thomas Durand) n’a pas le cœur à ça : il vient de perdre son emploi de chauffeur. Caroline s’interroge : doit-elle rester avec Casimir ou chercher un homme riche et puissant qui la fera monter dans l’échelle sociale ? Autour d’eux, des jeunes gens recherchant les sensations fortes, des midinettes, des hommes d’affaires en quête d’amours faciles, s’amusent et s’enivrent dans un décor de fête foraine avec son marchand de glace, son grand-huit, ses toboggans, son cinéma, ses monstres. Au terme de la soirée, Caroline repart avec un tailleur d’âge mûr après avoir été séduite par le patron de ce dernier et Casimir s’acoquine avec une bande de jeunes gangsters.
Casimir et Caroline se seraient-ils quittés si Casimir n’avait pas perdu son emploi ? Les hommes sont-ils fondamentalement égoïstes ou est-ce les circonstances qui corrompent les sentiments et le sens moral ? Voilà les questionnements indissolublement intimes et politiques que soulève la pièce et qui renvoient de façon troublante à la réalité actuelle. Et la réponse d’Horvath, contemporain de Brecht et qui, comme lui, a essayé de traduire sur scène les contradictions de son époque, est sans appel : « L’amour ne cesse jamais, du moment que tu ne perds pas ton boulot ».
En dépit de son fort ancrage politique et du social, le théâtre de Horvath ne se réduit pas à un théâtre didactique et engagé, il est bien plus que cela : il sait saisir sur le vif une société qui se décompose quand la peur de l’avenir rend cynique ou violent. Et le regard d’Emmanuel Demarcy-Mota qui a choisit de mettre dans la bouche des personnages de la foule des morceaux d’autres textes d’Horvath ne fait qu’accentuer la noirceur de la pièce. Le décor écrasant composé d’attractions gigantesques joliment figurées, de machineries d’acier à la taille inhumaine accroît encore l’impression d’une classe sociale broyée par la vie économique.
Comme toujours, la mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota, qui a pris les rênes du théâtre de la Ville, est remarquable de rigueur et de précision. Mais la médaille a son revers : tout cela manque un peu d’émotion. Et parfois les deux personnages centraux, en dépit du jeu remarquable de Sylvie Testud et Thomas Durand, peinent à émerger, et sont comme engloutis pas la foule de personnages secondaires, remarquablement croqués.
A Paris au théâtre de la Ville puis les 1er, 2 avril à La Coursive de La Rochelle, 7-11 avril à La Comédie de Reims, 22-24 avril au Quartz de Brest, 11-20 mai au Grand T de Nantes, 27 mai-6 juin au TNB de Rennes.

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