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Peer Steinbrück fait à la Suisse une querelle d'Allemand

Publié le 24 mars 2009 par Francisrichard @francisrichard
Peer Steinbrück fait à la Suisse une querelle d'Allemand Peer Steinbrück (photo ci-contre parue dans 24 Heures du 18 mars ici) a bien la gueule de l'emploi, celle du grand inquisiteur fiscal qu'il est réellement. Il n'a pas hésité à employer tous les moyens, même illégaux, pour rompre le secret bancaire du Lichtenstein, et il y est parvenu. La réussite, pour une fois, a réussi à ce teigneux moralisateur. 

Les services secrets allemands ont soudoyé un homme - on parle de 4 millions d'euros - pour qu'il vole les données bancaires de personnalités ayant un compte là-bas, dont l'ex-patron de la Poste allemande, Klaus Zumwinkel. Les autorités allemandes ont refusé aujourd'hui ( ici ) l'entraide judiciaire au Lichtenstein, qui aimerait bien pourtant demander d'autres comptes à cet individu corrompu. Il n'est plus question ici de moralité, mais de raison d'Etat.

Ministre allemand des Finances dans le gouvernement d'Angela Merkel, cet orthodoxe en matière financière a été obligé de mettre ses convictions dans sa poche, avec un mouchoir par dessus. En effet - je ne vais pas le lui reprocher - il pense que les relances de l'économie sont inutiles et coûteuses (voir mon article du 13 janvier : Les politiques de relance de l'économie par l'Etat échouent toujours ) et qu'un Etat se doit d'avoir des finances équilibrées... Au lieu de démissionner ce grand moraliste est resté fidèle à son poste, plus furieux que jamais.

De devoir avaler les couleuvres des plans de relance allemands et des déficits budgétaires subséquents, pendant plusieurs années, n'a pas dû améliorer son caractère que les mauvaises langues qualifient de mauvais. Yves Petitgnat dans Le Temps du 18 mars (ici ) évoque sa "réputation de pitbull politique" et Federico Camponovo dans 24 Heures du 24 mars ( ici ) demande qu'on laisse "le pitbull à ses aboiements". A défaut de faire des câlins à la Suisse, il se montre donc plutôt canin à son égard.

On ne peut pas dire que Peer Steinbrück n'ait pas de la suite dans les idées. Déjà, à l'automne, il avait déclaré que, si la manière douce ne suffisait pas, il faudrait employer le fouet pour obliger la Suisse à renoncer à son secret bancaire (voir mon article du 22 octobre 2008 : La Suisse, paradis fiscal ? Si seulement... ). Cette fois, à Londres, le 14 mars, lors de la réunion préparatoire au sommet du G20 du 2 avril prochain, il aurait déclaré que la menace de l'inscription de la Suisse sur la liste noire des paradis fiscaux "aurait un caractère dissuasif, comparable à une "cavalerie" qui ferait peur aux "Indiens"" (voir Le Matin du 19 mars ici ).

Le propos n'était pas gentil. Il était surtout blessant parce qu'il correspondait à la stricte vérité, même si ce n'était pas non plus sympa pour les Indiens qui s'étaient "battus à mort quand ils étaient agressés". Ce que Peter Rothenbühler, sur son blog du Matin ici ) , a relevé fort justement, précisant : "Il fallait juste que les Allemands, les Français et les Americains lèvent le doigt pour que nos politiciens comme des lapins courent dans la fausse direction. Sortent le drapeau blanc, prient de ne pas être trop punis". J'ai appelé cette capitulation par son nom (voir mon article du 16 mars : Secret bancaire : la trahison des Conseillers fédéraux ).
 
Lors de la séance du 18 mars du Conseil national, Thomas Müller, député PDC (démocrate-chrétien), a déclaré, outré par les propos de ce méchant allemand : "Il me rappelle cette génération d'Allemands qui se promenaient dans les rues il y a 60 ans avec des manteaux de cuir, des bottes et des brassards". Le dit méchant allemand n'a évidemment pas apprécié cette allusion qui revenait à le comparer à un nazi, d'autant que le secret bancaire a été justement consacré dans la loi helvétique en 1935 pour protéger des citoyens allemands contre l'inquisition fiscale du régime hitlérien...

Si la dernière sortie de Peer Steinbrück a malheureusement plus qu'un fond de vérité, il n'en est pas de même de son obstination à considérer la Suisse comme un paradis fiscal - ce qui n'est malheureusement pas le cas - et à la faire inscrire comme tel sur une liste noire que le G20 devrait entériner le 2 avril prochain. Il s'agit bien là d'une querelle d'Allemand, c'est-à-dire infondée. Il le sait pertinemment, mais les élections nationales sont pour dans six mois et. à défaut de pouvoir apparaître comme le redresseur des finances allemandes, il veut du moins pouvoir être considéré comme celui qui aura fait payer les riches "fraudeurs" allemands qui ont planqué leur argent en Suisse...

Francis Richard

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