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Statistiques ethniques :de l’art d’agiter un chiffon rouge…pour ne rien faire.

Publié le 24 mars 2009 par Chezfab
discrimination1.1175100435.gif Avec son idée de statistiques ethniques, le préposé à l’égalité des chances (ne riez pas) Yazig Sabeg relance un débat qui va être long, où beaucoup vont brailler dans les deux camps mais qui va surtout, en cette période sociale chargée, servir d’écran de fumée.

Je vous le dis tout de suite, je suis contre ce type de mesures. Pas parce qu’elle serait contre un universalisme, mais parce qu’elles ne résolvent rien. Croire que parce que l’on va pouvoir savoir combien les noirs, arabes, chinois, handicapés… Sont discriminé va permettre de changer quoique ce soit (les exemples sont pris car on parle, parait-il, des discriminations liées au visible) est une pure fumisterie.

Une preuve simple : aujourd’hui 50 % de la population est discriminée. Ce sont les femmes. Nul besoin de « statistiques communautaires » pour voir qu’elles sont moins bien payées que les hommes, qu’elles font double journée dans la majeur partie des cas (travail + maison) et que ce sont les plus touchées par les emplois précaires. Pourtant les statistiques sont faites depuis plus de 30 ans. Et la situation a-t-elle changée ? Non.

Pour une raison simple : le fait de mesurer sert souvent de cache sexe à l’inaction. Et oui ! Car quand on a des chiffres, on se cache derrière. Cela permet aux politiques de dire « oui, nous savons et c’est dramatique ». Mais point d’action.

Les banlieues ont déjà leurs statistiques. Et c’est accablant dans les résultats : chômage plus fort qu’ailleurs, difficultés d’apprentissages dans les écoles, etc...

Et on ne fait rien ! Où plutôt on essaie de donner l’impression de faire quelque chose tout en ne faisant surtout rien. N’allons pas abaisser les privilèges de quelques uns au profit des autres…

La première des discriminations est celle de l’argent. Voir augmenter chaque jour la différence entre riches et pauvres entraîne la suite. Non que d’autres n’existent pas et ne soit pas à combattre, mais elles s’accumulent. On est plus souvent pauvre, noire et femme que riche, homme et blanc. Comprenez moi bien : je ne suis pas en train de dire qu’il faudrait tout axer sur l’argent, au contraire, mais qu’il faut revoir notre société de façon plus large que par de la « proportionnelle légale » ou des choses comme cela.

Commençons par cesser les différentialismes de base : quand j’entends « immigré de la troisième génération » par exemple, y compris dans la bouche de gens de gauche, ça me défrise. L’immigration serait héréditaire ? On hériterait donc du statut de l’immigré. Ce sont des français discriminés. Point. De la même façon les blagues sexistes pullulent encore. Etc…

La non discrimination ne doit pas être adossée à une forme de légalisation d’elle-même. Comme pour le handicape, où l’on fait payer des amendes pour avoir la droit de ne rien faire. Demain va-t-on voir l’amende parce que pas assez d’arabes ? De noirs ? Etc... Ce type de réaction entrainerait inévitablement un classement des bonnes et des mauvaises différentiations. Ce qui au lieu de voir disparaitre les discriminations aurait comme premier effet de voir apparaitre de … nouvelles discriminations ! Cercles vicieux d’office ! Car quand on aura la mesure pour les femmes noires, il manquera la mesure pour les métisses, pour les arabes, etc… C’est sans fin !

Le constat n’a pas réellement besoin de statistiques. Il suffit de revenir à la base : la discrimination est interdite, point. Avoir le nombre ne permet pas de combattre ce qui au départ est individuel.

C’est à la base que nous devons jouer les choses : sur l’égalité des humains, quelques soient leurs couleurs de peau, handicapes, sexualités. C’est en commençant par revoir nos modes d’apprentissages à l’école (cessons de glorifier les conquêtes passées, osons parler des méfaits de la colonisation, de l’esclavage, etc… Redonnons une place à l’éducation sexuelle pour abolir l’effet de genre). Mais aussi en cessant le discours politiquement correct qui s’installe pour mieux cacher la misère. Non on ne refuse pas une place à « une personne de couleur » mais bien à un noir ou un arabe. Non on ne refuse pas une place « à une personne mal voyante » mais à un aveugle. Etc...

La police de la pensée douce, du politiquement correct, est l’arme de prédilection de ceux qui ne souhaitent rien changer. En atténuant les choses, ils pensent atténuer les peines. Mais c’est de la foutaise ! Du misérabilisme institutionnel.

La route sera longue vers une société plus égalitaire (et non équitable, comme on l’entend trop) et plus tolérante. Mais elle ne peut commencer par l’instauration d’un nouveau thermomètre, mais bien d’une nouvelle forme d’apprentissage de la vie.


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