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Portrait d'une "sous-vie"

Publié le 24 mars 2009 par Shalinee

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Rares sont les auteurs qui osent pénétrer dans les bas-fonds du langage pour explorer et restituer la réalité dans ce qu’elle a de plus scabreux. Avec Legarçon (Ed. Calmann-Lévy, 1997), Richard Morgiève prend le risque de choquer éditeurs, critiques et lecteurs en démontrant sans détours la réalité violente, et profondément obscène de la prostitution infantile.

Legarçon, c’est un enfant sans nom, qui n’a ni visage, ni passé. Qui n’existe presque pas. Vendu par une femme, il passe des mains d’un bourreau qui l’oblige à mendier, pour tomber entre celles de deux tortionnaires, qui le forcent à se prostituer. D’abord « chien des rues », puis « chien de chambre », Legarçon est le symbole d’une « sous-vie » faite de marginaux et de tous ces esclaves modernes que sont les enfants abusés, violés, maltraités peuplant les grandes villes du monde.

Dans ce livre, Richard Morgiève fait voler en éclats tous les tabous de la prostitution infantile. Il dépouille la langue de tous ses artifices esthétiques et nous la restitue dans sa forme la plus basique et authentique, capable d’aller droit à l’essentiel. Ajoutons à cela un vocabulaire débridé, qui fouille sans retenue l’univers scatologique, pornographique auquel aucun enfant ne devrait être confronté. L'écriture de Morgiève, c’est aussi une écriture sans empathie, dénuée de tout jugement et qui nous oblige à nous confronter à l’indicible, à la violence et l’horreur créées par nos sociétés modernes.

Vivant et évoluant dans un monde fait de pervers sexuels et de tortionnaires, ramené au point le plus bas de l’existence, encore plus bas que celle des bêtes, l’espoir de Legarçon ne faiblit jamais. Il reste un formidable cri d’espoir pour tous ceux qui luttent contre l’esclavage, la perversité et qui rêvent de devenir des êtres humains.

Extrait:

legarçon sait qu'il ne peut pas entrer dans un magasin. il est trop chien. trop laid. ce marché sur cette place c'est pour lui. ici on prendra son argent. il est plus misérable que. Tous. mais le marchand est lui-même misérable. ça ira. c'est la première fois que legarçon achète. c'est un acte. énorme. presque inimaginable.


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